C’était gentil, au début, quand mes amis n’arrêtaient pas de demander d’ajouter leurs copines ou leurs parents à la liste, qui à leur tour demandaient d’ajouter leurs propres amis, jusqu’à ce que cela dépasse le temps dont je disposais pour une telle administration.
J’ai eu l’idée évidente d’en faire un site Web, afin que quiconque souhaitant lire puisse simplement le visiter sans aucune demande de mon temps. Le seul problème était que je ne savais pas comment créer un site Web. (Les plates-formes de blogs d’alors n’avaient rien à voir avec celles que nous connaissons maintenant, et même les options rudimentaires qui existaient nécessitaient une certaine maîtrise du HTML.) Toutes les procédures étaient éminemment complexes et compliquées, au point qu’il semble presque très aisé de publier de nos jours. En plus de mes cours universitaires complets et des quatre emplois que je travaillais pour les payer, j’ai décidé de suivre un cours du soir et d’apprendre à coder – cela semblait la solution la plus simple pour une autonomie maximale. J’ai calculé que si je remplaçais deux repas par jour par du thon et des flocons d’avoine en conserve – la marque blanche de l’épicerie locale de West Philly – dans quelques semaines, je pourrais payer le cours de codage. Et c’est ce que j’ai fait. Un site Web grossier est né, laid comme un oryctérope nouveau-né.
Au cours de ces premières années, alors que j’exerçais mes banals emplois de jour — visa étudiant oblige — pour répondre aux exigences de mon métabolisme, je n’ai pas pensé une seule fois que ce travail d’amour deviendrait à la fois le pouls de ma vie et la seule source de mon gagne-pain. Et pourtant, dans un flou déconcertant de temps et de hasard – le terme anthropocentrique qui pour nous désigne la chance – les sept amis sont devenus en quelque sorte plusieurs millions de lecteurs sans trop d’effort de ma part au-delà de l’habitude quotidienne de me présenter face à la page blanche. (Il n’y a, bien sûr, rien de singulier ou de surprenant à cela – la Terre sculpte des canyons dans la roche avec rien de plus qu’un courant inébranlable. D’une manière ou d’une autre, nous continuons d’oublier que la nature humaine n’est qu’une fractale de la nature elle-même.)
Plusieurs années plus tard, j’ai pensé que ce serait un bon exercice pour réfléchir à ce que j’ai acquis sur l’expérience de la vie au cours de la composition de « The Marginalian », qui a toujours été une forme de composition de moi-même. À partir de la septième année, j’ai commencé une sorte de journal public de mes apprentissages – ne révisant jamais ceux des années précédentes, ajoutant seulement une compréhension nouvellement glanée à chaque orbite terminée, la façon dont notre moi actuel est toujours une poupée russe contenant et isolant les uns des autres les moi irréversibles que nous avons été.
Et maintenant, au bout de seize ans, les voici tous, depuis le début.
1. Accordez-vous le luxe inconfortable de changer d’avis. Cultivez cette capacité de « capacité négative ». Nous vivons dans une culture où l’une des plus grandes disgrâces sociales est de ne pas avoir d’opinion, c’est pourquoi nous formons souvent nos «opinions» sur la base d’impressions superficielles ou d’idées empruntées aux autres, sans investir le temps et la réflexion nécessaires pour cultiver une véritable conviction. Nous nous promenons ensuite en affirmant ces opinions données et en nous y accrochant comme points d’ancrage de notre propre réalité. C’est extrêmement désorientant de dire simplement « Je ne sais pas ». Mais c’est infiniment plus gratifiant de comprendre que d’avoir raison, quitte à changer d’avis sur un sujet, une idéologie ou, surtout, sur soi-même.
2. Ne rien faire pour le prestige ou le statut ou l’argent ou l’approbation seule. Comme l’a observé Paul Graham, « le prestige est comme un aimant puissant qui déforme même vos croyances sur ce que vous aimez. Cela vous amène à travailler non pas sur ce que vous aimez, mais sur ce que vous aimeriez aimer. Ces facteurs de motivation extrinsèques sont bons et peuvent affirmer la vie sur le moment, mais ils ne rendent finalement pas excitant le fait de se lever le matin et gratifiant de s’endormir le soir – et, en fait, ils peuvent souvent distraire et détourner l’attention. des choses qui offrent ces récompenses plus profondes.
3. Soyez généreux. Soyez généreux de votre temps et de vos ressources, donnez du crédit et, surtout, de vos paroles. C’est tellement plus facile d’être un critique qu’un célébrant. Rappelez-vous toujours qu’il y a un être humain à l’autre bout de chaque échange et derrière chaque artefact culturel critiqué. Comprendre et être compris, cela fait partie des plus beaux cadeaux de la vie, et chaque interaction est une occasion de les échanger.
7. « Attendez-vous à ce que quelque chose de valable prenne beaucoup de temps. » Ceci est emprunté à la sage et merveilleuse Debbie Millman, car il est difficile de mieux saisir quelque chose d’aussi fondamental mais si impatiemment négligé dans notre culture de l’immédiateté. Le mythe du succès du jour au lendemain n’est que cela – un mythe – ainsi qu’un rappel que notre définition actuelle du succès doit être sérieusement réajustée. La fleur ne va pas de bourgeon à fleur d’un seul coup et pourtant, en tant que culture, nous sommes désintéressés par l’ennui de la floraison. Mais c’est là que toute la vraie magie se déploie dans la fabrication de son caractère et de son destin.
12. Parce que l’année 12 est l’année où j’ai fini d’écrire Figuration (bien qu’elle émane de toute ma vie), et parce que le sentiment, qui apparaît dans le prélude, est le credo directeur auquel le reste du livre est un 576- note de bas de page, je la laisserai telle quelle : Il y a une infinité de sortes de belles vies.
Bien souvent, il s’agit de s’occuper de ce qu’Hermann Hesse appelait, alors que le monde allait devenir « démondé » par sa première guerre mondiale, « les petites joies » ; si souvent, ce sont les fils ténus dont nous tissons la bouée de sauvetage qui nous sauve. Délectez-vous de l’homme aux cheveux blanchis au coin de la rue attendant que la lumière change, son chien aux poils blanchis aussi par l’âge et l’expérience à côté de lui, chacun incliné vers l’autre avec la subtilité angulaire d’une dévotion absolue.
Régalez-vous de la petite fille qui passe devant vous sur son petit vélo, cette féroce émissaire du futur, des pompons arc-en-ciel ondulant sur son guidon et une centaine de tresses perlées débordant de son casque doré.
Régalez-vous de l’escargot prenant un après-midi à traverser la crevasse abyssale du trottoir pour paître sur un seul brin d’herbe.
Délectez-vous de la minuscule feuille nouvelle, si timide et si luxuriante sans vergogne, se déployant de la tige tordue du géranium desséché.
Je pense souvent à ce couplet du magnifique poème de Jane Hirshfield « The Weighing » :
Si peu de grains de bonheur
mesuré contre tous les ténèbres
et toujours la balance s’équilibre.
Oui, sauf que nous fournissons à la fois les grains et les écailles. Moi seul peux peser le bleu de mon ciel, toi du tien.
15. Dépassez-vous.
16. Non-soi. Rien n’est plus fastidieux que le souci de soi – l’antipode de l’émerveillement.
Quelles sont les différentes formes de l’amour selon les Grecs ?
L’amour est un sentiment abstrait et universel que tout le monde éprouve, mais de différentes manières. L’amour peut être interprété de différentes manières selon le contexte et la relation sentimentale auxquels il se réfère.
Dans les temps anciens, les Grecs cherchaient à trouver différentes manières de comprendre et d’expliquer ce que c’était l’amour et comment les humains le vivaient.
C’est la raison pour laquelle, un grand nombre d’histoires a émergé dans les différents genres littéraires notamment la comédie, la tragédie, la poésie épique et lyrique ; ayant pour thème l’amour dans ses différentes manifestations : la passion, l’attrait, l’obsession, la tendresse, la complicité, l’intérêt et la sensualité.
D’après les Grecs, l’amour est le sentiment responsable d’un grand nombre d’actions humaines, décisions et états d’esprit.
Par conséquent, ils ont proposé quatre types ou classifications d’amour pour expliquer ce sentiment très complexe que l’on éprouve lorsqu’on aime. Il s’agit de: Eros, Storgé, Philia et Ágapé.
Éros
Eros représente l’amour passionné et érotique. Dans la mythologie grecque, Eros est le dieu qui symbolise l’amour romantique, la passion et l’impulsivité. Cela peut être le premier pas vers un amour plus profond et plus durable, si on arrive à canaliser son intensité.
Ce type d’amour se caractérise par une attirance physique, sexuelle et instinctive. Il est lié à l’amour éphémère, qui est généré au début de la relation et idéalise le moment en mêlant désir et attirance sexuelle.
Pour les Grecs, l’amour Storgé est un amour fraternel, amical et engagé. C’est un amour qui grandit avec le temps et qui est lié aux relations familiales et amicales, c’est la raison pour laquelle il se caractérise par un amour loyal et même protecteur.
L’amour Philia est l’amour existant entre amis, l’amour du prochain qui recherche le bien commun et s’exprime à travers le respect, la solidarité, la coopération, la camaraderie. On dit que c’est l’une des plus belles amours qui existe.
L’amour Philia est un amour qui se caractérise par l’altruisme et se base sur l’amitié qui se réjouit lorsque l’autre est heureux et bien. Cela n’implique ni amour passionné ni attirance corporelle.
Les Grecs appelaient Agapé l’amour le plus pur et le plus inconditionnel qui existe. Il fait référence à un amour qui nourrit, généreux, conscient de ses devoirs ; un amour spirituel et profond dont la priorité est le bien-être de l’être cher.
L’amour Agapé se caractérise par le fait qu’il est universel, c’est-à-dire qu’il est l’amour que l’on a pour une personne, un animal, une nature, une divinité (dévotion religieuse) et est présent dans toute la société humaine. Il n’est pas passionné, même ceux qui aiment de cette manière sont prêts à se séparer de la relation pour le bien de l’être cher, ils abandonnent si nécessaire.
L’amour agape ne cherche pas son propre plaisir, au contraire, il trouve satisfaction à donner de l’amour. Par conséquent, il est considéré comme un amour sensible, tendre, attentionné et gentil.
« Il n’y a pas de gouffre dont vous ne pouvez pas sortir à condition de faire le bon effort au bon moment.… faites la prochaine chose avec diligence et dévotion. »
Vos questions sont sans réponse parce que vous voulez savoir comment il faut vivre. On vit comme on peut. Il n’y a pas de voie unique et définie pour l’individu qui lui soit prescrite ou qui soit la bonne. Si c’est ce que vous voulez, vous feriez mieux de rejoindre l’Église catholique, où ils vous disent ce qui est quoi.
De plus cette voie s’inscrit dans la voie moyenne de l’humanité en général. Mais si vous voulez suivre votre propre voie, c’est la voie que vous vous faites, qui n’est jamais prescrite, que vous ne connaissez pas d’avance, et qui se fait tout simplement d’elle-même lorsque vous mettez un pied devant l’autre.
Si vous faites toujours la prochaine chose qui doit être faite, vous avancerez de la façon la plus sûre sur le chemin prescrit par votre inconscient. Dans ce cas, il n’est naturellement d’aucune aide de spéculer sur la façon dont vous devriez vivre.
Et puis vous savez aussi que vous ne pouvez pas le savoir, mais faites tranquillement la chose suivante et la plus nécessaire. Tant que vous pensez ne pas encore savoir ce que c’est, vous aurez encore trop d’argent à dépenser en spéculations inutiles.
Mais si vous faites avec conviction la prochaine chose à faire et la plus nécessaire, vous ferez toujours quelque chose de significatif et prévu par le destin.
Cordialement,
CG Jung
Deux mois plus tard, dans un autre geste amical et de sagesse, Jung a approfondi la question dans une lettre à un homme en détresse, Jung sentant qu’il avait, tout simplement, mal vécu sa vie.
Jung a écrit :
Cher Monsieur N.,
Personne ne peut réparer une vie mal gérée avec quelques mots.
Mais il n’y a pas de gouffre dont vous ne pouvez pas sortir à condition de faire le bon effort au bon moment.
Quand on se retrouve en difficulté, tout comme vous, on n’a plus le droit de s’inquiéter de la stupidité absolue de certains, mais plutôt de s’efforcer à faire les choses avec diligence et dévotion, et ainsi gagner la bienveillance des autres.
Et petit à petit…. avec cet état d’esprit, vous finirez par vous retrouver. Malheureusement c’est par la douleur que l’on apprend, l’expérience, et lorsque les temps sont durs.
Alexandra Kollontaï, la première femme officiellement ambassadrice
Les vives tensions qui ont opposé la Russie devenue bolchevique et le monde occidental dit « libre » se sont cristallisées pendant la période de la guerre froide qui a suivi la fin de la WWII. Cette épisode a été particulièrement caractérisé aux USA par le rejet de la doctrine communiste, des valeurs slaves et par la chasse aux sorcières idéologique pendant la tristement célèbre politique américaine de délation et de persécution du maccarthysme. La peur du communisme totalitaire a littéralement terrorisé les États démocratiques au point de nier tous les points positifs de ce que pouvait comporter ce régime de l’URSS et même de les dissimuler aux yeux de leur population = pour être efficace, la propagande a besoin de n’exposer que des horreurs sous peine de ne pas provoquer suffisamment de rejet, voire même de risquer de créer intérêt ou sympathie a son égard.
C’est, je pense, une des raisons qui ont fait qu’Aleksandra Kollontaï soit tombée dans l’oubli de la postérité alors que son rôle et son impact sur la société ont fait d’elle une précurseuse dans le domaine de la défense du féminisme et de l’avancée de la condition féminine dès le début du XX° siècle.
C’est la raison pour laquelle je dédie cet article à ma fille Camille à qui cette cause du militantisme féministe tient particulièrement à cœur.
Александра Михайловна Коллонтай
Dans le domaine du féminisme la Russie tient deux records. C’est une Russe, Sophie Kovalevski, qui a été la première femme professeur d’université et c’est une Russe encore, Alexandra Kollontaï, qui a pour la première fois gravi les degrés de la carrière diplomatique pour devenir ambassadrice.
Par une curieuse coïncidence c’est à Stockholm que l’une et l’autre exercèrent leurs talents. Sophie Kovalevski fut chargée de la chaire de mathématiques à l’université de la capitale suédoise en 1884. Quant à Alexandra Kollontaï, elle fut appelée à représenter l’U.R.S.S. en Suède en 1930.
C’est dans une famille aristocratique de la noblesse terrienne que naquit en 1872 à Saint-Pétersbourg la femme qui devait devenir un des artisans de la révolution russe et collaborer avec Lénine contre le régime autocratique des tsars. Elle était la fille du général Michel Domoutovitch. Comme beaucoup d’autres personnes de son rang elle se passionna de bonne heure pour les idées nouvelles et adhéra au mouvement socialiste.
Son père, qui ne prenait pas au sérieux la rébellion de sa fille contre l’ordre établi, pensa calmer ses ardeurs révolutionnaires en la mariant à seize ans avec son cousin, le colonel Kollontaï. Mais cette union ne fut pas heureuse, Aleksandra se sépare de son mari, milite dans les associations de secours mutuel, oscillant après 1903 entre les bolcheviks, dont elle est proche jusqu’en 1906, et les mencheviks, dont elle fait partie jusqu’en 1915, surveillée par la police impériale pour ses attaques contre la politique tsariste en Finlande, elle est inculpée pour son militantisme en 1908, elle doit prendre le chemin de l’exil. Alexandra quitte alors la Russie pour aller faire ses études de sciences économiques et sociales à Zurich et en Angleterre. À son retour en Russie 9 ans plus tard et la révolution bolchevique ayant installé Joseph Staline au pouvoir, elle collabore aux publications social-démocrates, elle contribue également à organiser les ouvrières russes et participe à l’activité du mouvement international des femmes socialistes.
Ainsi commença pour elle une vie mouvementée, qui la mena aux États-Unis et en Europe. On la vit à Genève, à Lausanne, à Paris. Elle fit des conférences à Bologne en 1911, s’intéressa àla vie pénible des mineurs du Borinage en 1912, se rendit aux États-Unis en 1916. Elle se trouvait en Norvège quand lui parvinrent, en mars 1917, les nouvelles de la révolution russe. Après neuf ans d’exil elle regagna en hâte sa patrie, avec des centaines d’autres Russes qui avaient contribué comme elle à la chute de l’ancien régime.
C’est La Famille et l’Etat communiste » (1922),« Les Amours des abeilles travailleuses » (1925), le Chemin de l’amour (recueil de nouvelles, 1925), Amour libre (1932), la Femme nouvelle et la Classe ouvrière (1932). Sa fugue en Crimée, en 1918, avec le marin de la Baltique Pavel Dybenko, provoque la protestation de plusieurs dirigeants communistes dont le puritanisme est aussi farouche que la foi révolutionnaire. Le cas est soumis au comité central du parti et, en dépit de la protection de Lénine, Alexandra Kollontaï est condamnée : pendant cinq ans elle doit s’abstenir de toute activité politique. Elle médite alors sur sa vie tumultueuse et elle devient plus sage. En 1923 elle est réhabilitée. Se souvenant qu’elle avait acquis avant la révolution une grande expérience des milieux scandinaves et qu’elle y connaissait le personnel politique, le parti l’envoie comme ministre plénipotentiaire en Norvège. Cette nomination soulève un vif enthousiasme parmi les champions du féminisme international. Puis on l’envoie au Mexique durant un an (1926), où sa présence n’est pas du goût des milieux officiels, et elle retourne en Norvège, où elle demeure de 1927 à 1930.
Ayant commencé sa carrière diplomatique après avoir dépassé la cinquantaine, Alexandra Kollontaï, qui a définitivement discipliné sa nature passionnée et renoncé à l’extrémisme, fait preuve dans ses nouvelles fonctions d’éminentes qualités. Elle a l’avantage de parler couramment plusieurs langues, dont le français, l’allemand et l’anglais, et elle met sa vive intelligence au service de son pays, qui, avecGueorgui Tchitcherine et Maxime Litvinov aux affaires étrangères, voit grandir rapidement son prestige international.
Elle est enfin nommée ministre en Suède le 30 octobre 1930, dans ce pays nordique où elle avait fait de la prison seize ans plus tôt. Elle est alors âgée de cinquante-huit ans. Rapidement elle sait s’imposer et gagner l’estime du gouvernement suédois. L’éclatement de la seconde guerre mondiale en 1939, et surtout la guerre soviéto-finnoise, mettent Mme Kollontaï à l’épreuve, car Stockholm est à l’un des points névralgiques de l’Europe. Elle est un des principaux artisans de la paix entre l’U.R.S.S. et la Finlande(traité de Moscou du 12 mars 1940). Plusieurs fois les bruits de tentatives de négociations en vue d’une paix séparée entre l’Allemagne et l’U.R.S.S. concentrent l’attention des milieux internationaux sur son activité. En raison de la place importante prise par la Suède durant la guerre, la légation soviétique est élevée au rang d’ambassade en septembre 1943.
Sa vie publique se termine en juillet 1945, après la victoire de l’U.R.S.S. sur l’Allemagne. Elle regagne Moscou, et elle occupe sa retraite à écrire ses Mémoires. En mars 1952 elle meurt, suivant de très peu dans la tombe son ancien « patron », Maxime Litvinov. Elle a atteint l’âge de quatre-vingts ans : vieillesse sereine après une jeunesse orageuse. Après avoir été exposée dans la salle des conférences du ministère des affaires étrangères, sa dépouille a été inhumée au couvent célèbre de Novodievitchi de Moscou, dans le cimetière réservé aux personnalités importantes du régime communiste.
Le célèbre couvent de Novodevichy de Moscou. Lieu de sépulture d’Aleksandra Kollontaï
La tragique histoire de Virginia Woolf, morte pour ne pas devenir folle
Qui es-tu, Virginia Woolf ?
Ses livres ont marqué le début du XXe siècle et continuent à influencer la culture d’aujourd’hui, près d’un siècle après leur écriture. Virginia Woolf est propulsée sur le devant de la scène avec son roman Mrs Dalloway, paru en 1925, dans lequel le lecteur suit une unique journée de Clarissa Dalloway, femme du monde d’une cinquantaine d’années. Sous son apparente légèreté, le livre nous délivre une dissection sans concession de la société londonienne des années 20 et la complexité des sentiments humains.
Amour et mort s’entremêlent tout au long du roman : le cœur de Clarissa est déchiré entre son actuel mari et son amour de jeunesse qu’elle a éconduit, mais, au fond, qu’elle aime encore. Quant à la mort, elle est omniprésente dans le livre, à travers les pensées suicidaires de l’héroïne et de Septimus Warren Smith, un personnage qui gravite autour d’elle, vétéran de la Première Guerre mondiale à l’esprit perturbé.
À partir de la publication de ce roman, Virginia, femme de lettres à l’esprit rebelle, jouit d’une grande popularité en Angleterre. Au début du printemps 1941, pourtant, elle se remplit les poches de cailloux et entre dans une rivière. Son corps sans vie sera retrouvé sur le rivage trois semaines plus tard…
Comment en est-on arrivé là ? “Je ne veux pas devenir folle” a-t-elle écrit sur la lettre d’adieu adressée à son mari… Au fond, derrière le récit de la mort de Virginia Woolf, il y a l’histoire poignante d’une femme qui a combattu la maladie mentale durant toute sa vie
Retour sur le parcours chaotique de cette femme hors du commun.
Virginia Woolf, de brillante étudiante à femme de lettres
Virginia Woolf naît le 25 janvier 1882 dans une famille appartenant aux hautes sphères culturelles londoniennes. Elle est élevée au milieu de livres et de discussions littéraires…
Mais en 1895, à 13 ans, elle perd sa mère, puis sa sœur deux ans plus tard. Déjà, la jeune fille plonge dans un profond état dépressif. En 1904, à la mort de son père, la souffrance de Virginia est telle qu’elle doit faire un séjour en hôpital psychiatrique.
Mais cette succession de drames ne l’empêche pas de mener de brillantes études. La voilà qui rejoint bientôt le département des femmes du King’s College London, une des plus anciennes et des plus riches universités anglaises !
Son diplôme en poche, elle rejoint un cercle d’artistes et d’intellectuels connu sous le nom de Bloomsbury Group. Elle y rencontre son mari, l’essayiste politique Leonard Woolf. En 1912, Virginia a 30 ans quand elle épouse Leonard… Elle ne cache pourtant pas sa bisexualité, au risque de choquer l’opinion publique ! Sa liaison avec la romancière Vita Sackville-West, alors que Virginia et Vita sont toutes les deux mariées, ne manque pas de défrayer la chronique. Les deux femmes continueront pourtant à se fréquenter pendant près d’une décennie, sans que cela ne semble chagriner leur mari respectif.
Virginia Woolf, une femme libre
L’écrivaine fait de son orientation sexuelle un combat littéraire. En 1917, les Woolfe fondent leur propre maison d’éditions ce qui leur permet de publier leurs propres livres. Son premier roman, « La Traversée des apparences (The Voyage Out en VO) », dont un des thèmes est la passage de l’adolescence à l’âge adulte d’une jeune femme, passe plutôt inaperçu.
En fait, il faut attendre Mrs Dalloway (1925), son quatrième livre, pour que Virginia Woolf soit reconnue comme une brillante romancière. Elle profite alors de son succès pour publier d’autres romans et essais féministes (Une chambre à soi, 1929).
Son roman Orlando (1928) est particulièrement provocant : le héros y fait l’expérience du changement de sexe. Il s’endort homme et, à la suite d’un long sommeil d’une semaine, se réveille femme…Roman humoristique au grotesque assumé, il n’en reste pas moins une ode vibrante à la tolérance. Malgré le thème choquant pour l’époque (N’oublions pas qu’ Oscar Wilde fut condamné aux travaux forcés pour homosexualité 30 ans plus tôt…), l’œuvre de Virginia Woolfe reçoit un bon accueil de la part des critiques.
La femme fragile derrière le masque d’une femme libre
À la question : “comment qualifieriez-vous Virginia Woolf ?”, qu’auraient répondu des gens qui la connaissaient personnellement ? Certainement que Virginia est l’archétype de la femme libre qui se moque de l’opinion des autres et se bat pour ses convictions. Peut-être auraient-ils ajouté qu’elle est également une femme profondément malheureuse, en proie à des démons qui la tourmentent sans répit.
Cette dichotomie entre la femme qu’elle est réellement et le personnage public qu’elle incarne se retrouve d’ailleurs dans son roman le plus célèbre, Mrs Dalloway. Rares sont les écrivains à avoir mis autant d’eux-mêmes dans leurs romans.
Quoi qu’il en soit, avec plusieurs tentatives de suicide au compteur, il est clair que Virginia Woolf ne se sentait pas tout à fait bien dans sa peau.
Qu’est-ce qui a motivé le suicide de Virginia Woolf?
Un jour, Virginia a déclaré : “Grandir, c’est perdre certaines illusions pour en acquérir d’autres.”
Cette phrase résume à elle seule son parcours chaotique. Elle fut confrontée à son premier drame vers l’âge de 4 ou 5 ans… Dans un essai autobiographique écrit en 1939, A sketch of the past (jamais traduit en français semble-t-il), elle se livre sur les viols répétés qu’elle subit de la part de ses deux demi-frères George et Gerald Duckworth. Elle décrit d’ailleurs sans tabou une scène que ce dernier, alors âgé de 20 ans, lui fit subir :
Gérald me hisse sur une sorte de console et, pendant que je suis assise là, se met à explorer ma personne. Je peux me souvenir de la sensation de ses mains passant sous mes vêtements, descendant fermement et longuement de plus en plus bas. Je me souviens combien j’espérais qu’il s’arrête ; combien je me raidissais et me tortillais tandis que sa main s’approchait de mes parties intimes. Mais il ne s’arrêta pas.
A sketch of the past, Virginai Woolf, 1939
Plus tard, c’est George, son autre demi-frère, qui prit le relais. Sa douceur apparente, ses caresses pleines de tendresse (du moins, ainsi étaient-elles perçues par les adultes aux alentours), cachaient les plus odieuses pensées. Et, lorsqu’ils n’étaient que tous les deux, la tendresse fraternelle se transformait en actes sexuels forcés.
Ces viols à répétition durèrent toute son enfance. Sa sœur Vanessa, semble-t-il, fit également les frais du comportement prédateur de George.
Certains psychanalystes – qui se croient certainement très intelligents – nous expliquent en long, en large et en travers (et sans la moindre preuve, évidemment) que ces viols n’ont jamais eu lieu, qu’ils étaient seulement un fantasme créé de toute pièce par Virginia elle-même. À ces gens-là, on a seulement envie de demander : “qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ?”
Puis vint le décès de sa mère, quand Virginia n’était âgée que de 13 ans : elle eut alors sa première dépression. Deux ans plus tard, c’est sa demi-sœur Stella qui fut emportée dans la tombe. Et quelques années après, son père.
C’en était trop pour la pauvre jeune femme qui connut sa première hospitalisation, heureusement de courte durée. Dans ce contexte, sa rencontre avec son futur mari Leonard Woolf quelques années plus tard sonne comme une délivrance.
Mais on ne sort pas aussi facilement des affres de la dépression et des traumatismes. Sa vie fut ponctuée d’hallucinations, de périodes de folie et de tentatives de suicide. Différents traitements psychiatriques ont bien été tentés, en vain. Plusieurs dents lui furent même arrachées : dans les années 1920, une théorie médicale associait les troubles mentaux aux infections dentaires !
La lettre d’adieu de Virginia Woolf
Le matin du 28 mars 1941, Leonard Woolf sentit que son épouse, âgée de 59 ans, n’était pas au mieux de sa forme. Après une courte conversation avec elle, il lui suggéra de retourner dans sa chambre pour se reposer, avant de sortir de la maison pour vaquer à ses occupations.
C’était la dernière fois que Leonard voyait sa femme en vie.
Lorsqu’il rentra chez lui quelques heures plus tard, il trouva une lettre bien en vue :
Mon chéri,
J’ai la certitude que je vais devenir folle à nouveau : je sens que nous ne pourrons pas supporter une nouvelle fois l’une de ces horribles périodes. Et je sens que je ne m’en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et je ne peux pas me concentrer.
Lettre d’adieu à son mari de Virginia
La lettre d’adieu de Virginia Woolf se poursuit :
Alors, je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m’as donné le plus grand bonheur possible. Tu as été pour moi ce que personne d’autre n’aurait pu être. Je ne crois pas que deux êtres eussent pu être plus heureux que nous jusqu’à l’arrivée de cette affreuse maladie. Je ne peux plus lutter davantage, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. Et tu travailleras, je le sais.
Vois-tu, je ne peux même pas écrire cette lettre correctement. Je ne peux pas lire. Ce que je veux dire, c’est que je te dois tout le bonheur de ma vie. Tu t’es montré d’une patience absolue avec moi et d’une incroyable bonté. Je tiens à dire cela — tout le monde le sait.
Si quelqu’un avait pu me sauver, cela aurait été toi. Je ne sais plus rien si ce n’est la certitude de ta bonté. Je ne peux pas continuer à gâcher ta vie plus longtemps. Je ne pense pas que deux personnes auraient pu être plus heureuses que nous l’avons été.
Lettre d’adieu à son mari de Virginia
Peut-on imaginer plus belles paroles d’amour ?
Leonard courut aux abords de la maison pour retrouver son épouse et tenter d’empêcher l’inexorable. En vain. Au bord de la rivière à proximité de chez eux, il retrouva des traces de pas ainsi que la canne dont se servait son épouse pour marcher. Le courant avait déjà emporté son corps.
Il sera retrouvé trois semaines plus tard, échoué près de Southease, en Angleterre, les poches de ses vêtements gonflés de cailloux.
L’héritage littéraire de Virginia Woolf
Les cendres de Virginia seront dispersées au pied d’un orme, dans le jardin de la maison du couple. Une stèle est installée en sa mémoire, sur laquelle est gravée une magnifique phrase tirée de son œuvre Les Vagues (1931, The Waves en VO), un livre traduit de l’anglais par Marguerite Yourcenar en personne :
Against you I will fling myself unvanquished and unyielding, O Death!
Son héritage littéraire est inestimable. Nombre de ses romans sont devenus des classiques étudiés dans les plus prestigieuses universités. Quant à ses essais, ils sont encore brandis comme des armes dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes.
Laissons-lui le dernier mot : “La beauté, c’est la bonté ; c’est la mer sur laquelle nous flottons.”
Notre « moi de l’ombre ». Comment y faire face, le mettre en lumière et le transcender
Avant que vous ne commenciez :
Prenez un moment et respirez. Placez votre main sur votre poitrine, près de votre cœur. Respirez lentement dans la zone pendant environ une minute, en vous concentrant sur une sensation de bien-être qui pénètre votre esprit et votre corps.
« Ce dont vous avez le plus besoin se trouvera là où vous voudrez le moins regarder, mais vous devez chercher à dessein. S’il vous poursuit, alors vous êtes la proie ; si vous l’affrontez, vous pouvez le transcender. »
Jordan Peterson
Il y a beaucoup d’écrits sur l’ombre et ce qu’elle est. La direction est claire. L’ombre est quelque chose que la plupart d’entre nous réprimons et cachons aux autres, et dans la majorité des cas, à nous-mêmes. D’où vient-elle et que pouvons-nous faire pour l’intégrer ou la guérir ?
D’après un article original en anglais : « Your “Shadow Self.” How To Face It, Bring It To Light & Transcend It » By Milan Karmeli on February 14, 2021
Mais, pourquoi avons-nous une ombre ?
Commençons par nous demander « pourquoi avons-nous une ombre ? » Est-ce parce que nous portons les ténèbres en notre cœur ou est-ce que l’ombre prend forme au cours de notre vie comme un résidu de peur, de rage, de honte et de culpabilité, et leur évitement ? Je dirais un peu des deux. Sur le plan collectif humain, nous portons des traumatismes liés à la souffrance et à l’agression de nos ancêtres. Mais pour la plupart, notre ombre se développe au cours de cette vie sous la forme d’une personnalité complexe et sophistiquée, qui nous maintient avec un sentiment de contrôle.
Au fond nous nous sentons vulnérables mais essayons de le cacher.
Notre monde intérieur est complexe et pour certains, insupportable. Nous sommes continuellement confrontés et craignons d’être exposés à notre complexité contradictoire, envers nous-mêmes et les autres. Au lieu de plonger dans les profondeurs de notre psyché et d’inviter plus de conscience, nous préférons nous protéger. Plus nous sommes conscients, plus nous devenons responsables de nos actions. L’une des raisons pour lesquelles nous cachons si méticuleusement notre ombre est que nous ne voulons pas porter les conséquences de nos actions. Et ainsi, notre vulnérabilité et notre ombre sont étroitement liées.
Comment tenter d’y remédier
Il existe de nombreuses façons efficaces de ne pas se sentir vulnérable et de conserver un sentiment d’innocence. Respecter une morale stricte, adhérer à des idéologies, qu’elles soient sociales, politiques ou spirituelles, ou s’appuyer sur des dogmes religieux, tous obtiennent exactement cette protection. Le genre de protection dans laquelle nous nous berçons de sentiments de droiture et d’innocence. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas chercher à ce que nos actions soient morales ou éviter de croire, mais que nous devenions conscients lorsqu’elles sont utilisées au service de se sentir supérieur aux autres. Chose intéressante, notre souhait de rester innocent est une grande ombre en soi.
Ce que tu suis te fuit
Ainsi, pendant que nous sommes occupés à réprimer et à contrôler, l’ombre se nourrit et grandit à chaque tentative de combattre le rejet, l’humiliation ou la punition, ainsi que des situations qui nous laissent un sentiment de culpabilité et de honte.
Voici quelques exemples de la façon dont notre ombre cache notre vulnérabilité. Disons que nous voulons être reconnus pour quelque chose que nous avons fait. Au lieu de demander la reconnaissance, nous le cachons par une fausse humilité et devenons rancuniers de ne pas avoir reçu l’attention que nous pensons mériter. Un autre exemple est notre besoin d’appartenir et d’être important pour les autres. Mais encore une fois, au lieu de communiquer ce besoin, qui nous rend vulnérable au rejet, nous faisons en sorte que les autres se sentent importants dans l’espoir d’être félicités en retour pour nos actions.
Au fil du temps, nous avons développé d’innombrables façons sophistiquées d’édulcorer nos ombres et de nous sentir en contrôle.
Assumons ce que nous sommes et faisons preuve d’humilité
L’intégration de l’ombre commence par une honnêteté qui ne cherche rien en retour.
Nous pouvons voir que la plupart des ombres ont à voir avec des tentatives de survie quelconques. Cela se produit lorsque nous essayons de contrôler notre environnement en nous comportant comme des victimes, en gagnant le respect par une fausse humilité, une supériorité morale et d’autres formes de manipulation. Lorsque nous parlons d’intégration de l’ombre, il est crucial que nous soyons précis sur les facettes de notre ombre.
On veut par exemple pouvoir dire, en s’abstenant de tout jugement, que « je souris aux autres, pour ne pas être agressé » ou « je contrôle mon partenaire en le culpabilisant ». Tout jugement sur ce que nous découvrons en nous-mêmes est une tentative cachée de nous victimiser et de trouver des excuses. Le « pourquoi » est ici secondaire, car la liste des raisons est interminable et la source absolue est difficile à cerner, mais l’envie de limiter notre vulnérabilité est toujours là.
Il est inutile de la combattre, mieux vaut la comprendre
C’est peut-être le bon moment pour dire que l’intégration de l’ombre n’est pas une question de rédemption, mais de compréhension du fonctionnement interne de la vulnérabilité et de la protection, qui sont étroitement liés à notre sentiment de survie, à la fois physique et émotionnel.
De plus, nous voulons faire face à nos ombres, non pas pour nous sentir mieux ou plus légers à l’avenir, mais afin de devenir plus intégrés en nous-mêmes et de diminuer le sentiment de séparation que l’ombre produit. Nous voulons rendre l’intégrité qui vient avec la responsabilité d’appartenir à une histoire et à une culture qui éprouve beaucoup de souffrance et qui est plus grande que nous-mêmes. Intégrer notre ombre implique de laisser l’obscurité faire partie de nous, sans vouloir la dépasser.
Laisse tomber l’espoir d’une vie sans douleur
» Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. » Carl G. Jung
Lorsque nous faisons face à notre ombre, nous voulons nous approprier pleinement l’agressivité, la peur, l’égoïsme ou la cupidité qui vivent en nous. Nous voulons clarifier avant tout pour nous-mêmes comment nous jouons aux jeux de pouvoir et cherchons le contrôle. Cette reconnaissance ne réduit pas nécessairement la blessure à nous-mêmes ou aux autres ou ne nous permet pas de changer. Il n’y a pas de résultat certain de l’intégration de l’ombre et c’est une pilule difficile à avaler. Ce que nous faisons « simplement », c’est de mettre en lumière quelque chose de caché, sans essayer de le rendre plus ou moins significatif ou dramatique, mais plutôt de le voir tel qu’il est, devenant ainsi plus conscient.
Plus nous induisons d’émotivité dans la caractérisation de notre ombre, moins l’intégration a lieu. L’intégration de l’ombre devrait être un acte non dramatique, entouré d’un soupçon de fraîcheur, où nous observons qui nous sommes devenus. Nous ressentirons la douleur des mensonges, de la trahison et des blessures envers les autres au cours de cette observation. Et ce faisant, retenir son jugement, qu’il soit positif ou négatif, est vraiment un défi. Comment est-il possible de « ne pas commenter » ce que nous considérons comme une expérience personnelle ? Nous devons comprendre que tout commentaire contient également la tentative de changer l’expérience, qu’elle nous libère ou nous punisse.
Punitions que nous nous infligeons : le poids de notre culpabilité et de nos hontes
Guérir l’ombre est un processus magique dont nous sommes le participant, pas le réalisateur
L’intégration vient d’un lieu qui n’est pas dramatique, car le drame prend toujours parti, et il nous fait manquer la simplicité qui réside dans la reconnaissance de la complexité humaine. L’intégration de l’ombre est un processus permanent et même magique. Cela se produit lorsque nous sommes complètement véridiques, abandonnant tout accord avec Dieu ou le Destin, et nous abandonnant à ce que nous sommes essentiellement : vulnérables…
Nous voulons inviter à ressentir la douleur que notre ombre nous révèle sans rechercher la rédemption. D’une certaine manière, chaque fois que nous disons oui à une part d’ombre en nous, nous acceptons de réintégrer la vulnérabilité continue d’être humain.
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