Alexandra Kollontaï, féministe passionnée

par | J Déc, 2021 | Mon Carré De Sable, INDIVIDU, La femme libre | 0 commentaires

Alexandra Kollontaï, la première femme officiellement ambassadrice

Les vives tensions qui ont opposé la Russie devenue bolchevique et le monde occidental dit « libre » se sont cristallisées pendant la période de la guerre froide qui a suivi la fin de la WWII. Cette épisode a été particulièrement caractérisé aux USA par le rejet de la doctrine communiste, des valeurs slaves et par la chasse aux sorcières idéologique pendant la tristement célèbre politique américaine de délation et de persécution du maccarthysme. La peur du communisme totalitaire a littéralement terrorisé les États démocratiques au point de nier tous les points positifs de ce que pouvait comporter ce régime de l’URSS et même de les dissimuler aux yeux de leur population = pour être efficace, la propagande a besoin de n’exposer que des horreurs sous peine de ne pas provoquer suffisamment de rejet, voire même de risquer de créer intérêt ou sympathie a son égard.

C’est, je pense, une des raisons qui ont fait qu’Aleksandra Kollontaï soit tombée dans l’oubli de la postérité alors que son rôle et son impact sur la société ont fait d’elle une précurseuse dans le domaine de la défense du féminisme et de l’avancée de la condition féminine dès le début du XX° siècle.
C’est la raison pour laquelle je dédie cet article à ma fille Camille à qui cette cause du militantisme féministe tient particulièrement à cœur.

Александра Михайловна Коллонтай

Dans le domaine du féminisme la Russie tient deux records. C’est une Russe, Sophie Kovalevski, qui a été la première femme professeur d’université et c’est une Russe encore, Alexandra Kollontaï, qui a pour la première fois gravi les degrés de la carrière diplomatique pour devenir ambassadrice.

Par une curieuse coïncidence c’est à Stockholm que l’une et l’autre exercèrent leurs talents. Sophie Kovalevski fut chargée de la chaire de mathématiques à l’université de la capitale suédoise en 1884. Quant à Alexandra Kollontaï, elle fut appelée à représenter l’U.R.S.S. en Suède en 1930.

alexandra-kollontai-mon-carre-de-sableC’est dans une famille aristocratique de la noblesse terrienne que naquit en 1872 à Saint-Pétersbourg la femme qui devait devenir un des artisans de la révolution russe et collaborer avec Lénine contre le régime autocratique des tsars. Elle était la fille du général Michel Domoutovitch. Comme beaucoup d’autres personnes de son rang elle se passionna de bonne heure pour les idées nouvelles et adhéra au mouvement socialiste.

Son père, qui ne prenait pas au sérieux la rébellion de sa fille contre l’ordre établi, pensa calmer ses ardeurs révolutionnaires en la mariant à seize ans avec son cousin, le colonel Kollontaï. Mais cette union ne fut pas heureuse, Aleksandra se sépare de son mari, milite dans les associations de secours mutuel, oscillant après 1903 entre les bolcheviks, dont elle est proche jusqu’en 1906, et les mencheviks, dont elle fait partie jusqu’en 1915, surveillée par la police impériale pour ses attaques contre la politique tsariste en Finlande, elle est inculpée pour son militantisme en 1908, elle doit prendre le chemin de l’exil. Alexandra quitte alors la Russie pour aller faire ses études de sciences économiques et sociales à Zurich et en Angleterre. À son retour en Russie 9 ans plus tard et la révolution bolchevique ayant installé Joseph Staline au pouvoir, elle collabore aux publications social-démocrates, elle contribue également à organiser les ouvrières russes et participe à l’activité du mouvement international des femmes socialistes.

Ainsi commença pour elle une vie mouvementée, qui la mena aux États-Unis et en Europe. On la vit à Genève, à Lausanne, à Paris. Elle fit des conférences à Bologne en 1911, s’intéressa à la vie pénible des mineurs du Borinage en 1912, se rendit aux États-Unis en 1916. Elle se trouvait en Norvège quand lui parvinrent, en mars 1917, les nouvelles de la révolution russe. Après neuf ans d’exil elle regagna en hâte sa patrie, avec des centaines d’autres Russes qui avaient contribué comme elle à la chute de l’ancien régime.

alexandra-kollontai2-mon-carre-de-sable

alexandra-kollontai6-mon-carre-de-sableC’est La Famille et l’Etat communiste » (1922), « Les Amours des abeilles travailleuses » (1925), le Chemin de l’amour (recueil de nouvelles, 1925), Amour libre (1932), la Femme nouvelle et la Classe ouvrière (1932). Sa fugue en Crimée, en 1918, avec le marin de la Baltique Pavel Dybenko, provoque la protestation de plusieurs dirigeants communistes dont le puritanisme est aussi farouche que la foi révolutionnaire. Le cas est soumis au comité central du parti et, en dépit de la protection de Lénine, Alexandra Kollontaï est condamnée : pendant cinq ans elle doit s’abstenir de toute activité politique. Elle médite alors sur sa vie tumultueuse et elle devient plus sage. En 1923 elle est réhabilitée. Se souvenant qu’elle avait acquis avant la révolution une grande expérience des milieux scandinaves et qu’elle y connaissait le personnel politique, le parti l’envoie comme ministre plénipotentiaire en Norvège. Cette nomination soulève un vif enthousiasme parmi les champions du féminisme international. Puis on l’envoie au Mexique durant un an (1926), où sa présence n’est pas du goût des milieux officiels, et elle retourne en Norvège, où elle demeure de 1927 à 1930.

Ayant commencé sa carrière diplomatique après avoir dépassé la cinquantaine, Alexandra Kollontaï, qui a définitivement discipliné sa nature passionnée et renoncé à l’extrémisme, fait preuve dans ses nouvelles fonctions d’éminentes qualités. Elle a l’avantage de parler couramment plusieurs langues, dont le français, l’allemand et l’anglais, et elle met sa vive intelligence au service de son pays, qui, avec Gueorgui Tchitcherine et Maxime Litvinov aux affaires étrangères, voit grandir rapidement son prestige international.

Elle est enfin nommée ministre en Suède le 30 octobre 1930, dans ce pays nordique où elle avait fait de la prison seize ans plus tôt. Elle est alors âgée de cinquante-huit ans. Rapidement elle sait s’imposer et gagner l’estime du gouvernement suédois. L’éclatement de la seconde guerre mondiale en 1939, et surtout la guerre soviéto-finnoise, mettent Mme Kollontaï à l’épreuve, car Stockholm est à l’un des points névralgiques de l’Europe. Elle est un des principaux artisans de la paix entre l’U.R.S.S. et la Finlande (traité de Moscou du 12 mars 1940). Plusieurs fois les bruits de tentatives de négociations en vue d’une paix séparée entre l’Allemagne et l’U.R.S.S. concentrent l’attention des milieux internationaux sur son activité. En raison de la place importante prise par la Suède durant la guerre, la légation soviétique est élevée au rang d’ambassade en septembre 1943.

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alexandra-kollontai7-mon-carre-de-sableSa vie publique se termine en juillet 1945, après la victoire de l’U.R.S.S. sur l’Allemagne. Elle regagne Moscou, et elle occupe sa retraite à écrire ses Mémoires. En mars 1952 elle meurt, suivant de très peu dans la tombe son ancien « patron », Maxime Litvinov. Elle a atteint l’âge de quatre-vingts ans : vieillesse sereine après une jeunesse orageuse. Après avoir été exposée dans la salle des conférences du ministère des affaires étrangères, sa dépouille a été inhumée au couvent célèbre de Novodievitchi de Moscou, dans le cimetière réservé aux personnalités importantes du régime communiste.

 

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Le célèbre couvent de Novodevichy de Moscou.
Lieu de sépulture d’Aleksandra Kollontaï

D’après un article d’Alain Pierre du site « Monde diplomatique » 

 

 

 

 

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