par Michel Mougenot Auteur, web marketing | 15/02/ AM | Mon Carré De Sable, Démocratie et dictature, MONDE
Les États et les empires échouent lorsqu’ils ne sont plus la solution
Lorsque l’État/empire perd la capacité de reconnaître et de résoudre les problèmes fondamentaux de sécurité et d’équité, il sera remplacé par un autre dispositif plus adaptable et plus apte à résoudre les problèmes.
D’un point de vue systémique, les États-nations et les empires naissent lorsqu’ils constituent des solutions supérieures en matière de sécurité par rapport aux arrangements qu’ils remplacent : féodalisme, seigneurs de la guerre, confédérations tribales, etc.

Les États et les empires échouent lorsqu’ils ne sont plus la solution, ils sont le problème. Comme l’explique le livre The Upside of Down : Catastrophe, Creativity, and the Renewal of Civilization, lorsque la dissolution de l’État ou de l’empire devient la solution pour réduire la douleur, les habitants retirent leur soutien et l’empire perd son emprise et expire.
Comme je l’explique dans mon nouveau livre, Global Crisis, National Renewal, les États et les marchés sont des structures de résolution de problèmes. Ces structures résolvent les problèmes en optimisant l’adaptabilité et les synergies bénéfiques qui se renforcent mutuellement au fil de l’évolution.
L’essor de la classe moyenne est un exemple de synergies bénéfiques : à mesure que cette nouvelle classe accède au crédit, à l’expertise, au commerce, à l’entreprise et au pouvoir de fixation des prix pour son travail, elle a les moyens de transformer son travail en capital en épargnant les gains et en investissant le capital dans des actifs, de nouvelles entreprises, etc. qui génèrent ensuite des revenus du capital qui alimentent des augmentations synergiques du crédit, de l’expertise, des actifs et des revenus des investissements.
Les États / empires échouent et expirent lorsqu’ils élèvent les synergies fatales créées par des élites intéressées. Plutôt que d’encourager les dynamiques d’adaptation – concurrence, transparence, responsabilité, expérimentation et dissidence – les élites suppriment ces forces comme des menaces pour leurs monopoles, cartels et richesses.
L’État/empire n’est plus capable de résoudre les problèmes.
Dépourvu d’adaptabilité et de synergies bénéfiques, l’État/empire n’est plus capable de résoudre les problèmes. Il devient le problème qui ne peut être résolu.
L’une des principales dynamiques qui alimente les synergies fatales est la confiance démesurée dans le fait que l’abondance à bas prix est un droit de naissance conféré par l’État / l’empire, de sorte que les ressources peuvent être dilapidées sans fin dans l’excès et les extrêmes de consommation et de gaspillage. L’État/empire ne se concentre plus sur la sécurisation des sources matérielles de sécurité (nourriture, énergie, etc.) ou sur la responsabilité, la concurrence, la dissidence et la transparence nécessaires pour résoudre les problèmes systémiques.
Au lieu de cela, l’État / l’empire se dissout en camps divisés qui cherchent à protéger leurs petits fiefs et à accroître leur richesse aux dépens de la population. Les super-riches construisent des yachts et des palais à 500 millions de dollars, les politiciens profitent de leur position pour accumuler des fortunes et la corruption remplace la gouvernance.
Les marchés s’enlisent dans des synergies fatales : produits et services de mauvaise qualité, excès spéculatifs, consommation grotesque et divertissements sanglants deviennent des « industries de croissance », tandis que les pannes de courant assombrissent les réseaux électriques et que les rayons des magasins se vident des produits de première nécessité.
La solution du marché au fait que tout le monde possède déjà tout est d’incorporer l’obsolescence programmée dans chaque produit et de former des cartels du secteur des services qui dépouillent ensuite les services jusqu’à l’os pour augmenter les profits, ce qui revient à dire que tous les biens et services sont pourris.
L’État/empire ne parvient pas non plus à maintenir la sécurité
L’État/empire ne parvient pas non plus à maintenir la sécurité et les fonctions de base telles que la collecte des impôts et une application équitable. Les petits délits sont exploités par ceux qui sont au pouvoir (confiscation civile) tandis que la résistance à l’État est sévèrement punie. Il existe deux systèmes juridiques, un pour les roturiers et un autre pour l’élite.
L’État / l’empire protège ceux qui profitent du statu quo et appelle ensuite ce profit une « solution ». Mais ce profit ne résout aucun problème ; il est le problème, car le profit égoïste protège ses privilèges en corrompant l’État, la finance et l’économie.
De son côté, le marché cherche à maximiser les profits dans les excès de consommation, les prêts prédateurs (prêts étudiants), la destruction en bloc de la qualité par les monopoles et les cartels et les extrêmes de la spéculation. La maximisation des profits par tous les moyens disponibles n’a aucun fondement moral ; les prêts étudiants prédateurs sont rentables, la facturation médicale obscure est rentable, la vente de produits conçus pour échouer est rentable, déclarer un logiciel obsolète est rentable, tromper les consommateurs est rentable, et ainsi de suite, dans un éventail sans fin de produits de mauvaise qualité et malsains, de services rapaces, de surfacturations frauduleuses, etc.
Comme les problèmes ne sont pas résolus, les choses s’effondrent et les masses se tournent vers des extrêmes de dérangement et de pensée magique : le fanatisme se substitue à l’amitié, les cultes abondent, les terrains d’entente disparaissent et tous les échecs du système sont masqués par le pain et les jeux, l’argent gratuit, les divertissements criards et les étalages sans vie de consommation ostentatoire qui révèlent la décadence et la dégradation.
L’État/empire est le problème, pas la solution

Protéger les quelques personnes qui dépouillent le système aux dépens du plus grand nombre ne résout pas les problèmes. Cela ajoute une couche de problèmes que l’État/empire est incapable de résoudre. Ossifié, sclérosé, égoïste, corrompu, axé sur la vertu et l’apparence de s’attaquer aux problèmes plutôt que de les résoudre réellement parce qu’une vache sacrée perdrait ses privilèges et son flux de revenus, l’État/empire est le problème, pas la solution.
Lorsque l’État/empire perd la capacité de reconnaître et de résoudre les problèmes fondamentaux de sécurité et d’équité, il est remplacé par un autre dispositif plus adaptable et plus apte à résoudre les problèmes. Les artifices, la fantaisie, la pensée magique, les excuses et les histoires de couverture absurdes ne font pas partie de la résolution des problèmes. Les problèmes ne peuvent être résolus que si l’on affronte directement la réalité.
Lorsque la réalité est inacceptable parce qu’elle a un impact négatif sur ceux qui dépouillent le système pour des gains privés, l’État/empire est déjà engagé dans la spirale fatale de l’effondrement.
Texte originel d’un texte de Charles Hugh Smith du 07 février 2022 sur son blog « OfTwoMinds » –
Traduction assurée par Aube Digitale
par Michel Mougenot Auteur, web marketing | 11/02/ AM | Mon Carré De Sable, Démocratie et dictature, MONDE
XIX°, Le siècle du « Spleen et de l’Idéal »
On dit souvent que l’alternance des siècles dans notre Histoire suit un certain rythme avec des récurrences assez régulière.
Il en est ainsi des siècles pairs (XVI et XVIII° par ex.) qui ont été généralement plus libertins et légers que les siècles impairs, le XIX° est un exemple assez particulier puisqu’il a vu l’émergence des écrivains « romantiques » illustrée par « Le Spleen et l’Idéal » colonne vertébrale du roman « Les fleurs du mal » de Charles Baudelaire, des réflexions fortement teintées d’un quasi désir de souffrance expiatoire influencée du dogme chrétien du Péché originel et de sa balance : une profonde aspiration de sens, d’ordre et de beauté vers où tend l’aspiration de l’auteur.
La mélancolie, une émanation caractéristiques du XIX°
La mélancolie est un affect qu’on définit généralement comme une absence du goût de vivre, un sentiment de tristesse mêlée à de la nostalgie. En littérature, et plus particulièrement en poésie, cet affect est souvent attribué aux Romantiques. C’est ce que Musset et Chateaubriand nommaient le Mal du Siècle et qui en s’intensifiant, est devenu chez Baudelaire, le Spleen.
Tentons de comprendre les mutations sociales profondes qui ont pu engendrer cet état d’âme caractéristique de la poésie du XIXe siècle…
Le XIXe, en gros, c’est la révolution industrielle. Les villes se transforment et le capitalisme inscrit peu à peu le soucis du quantitatif et de la richesse dans les mentalités, au détriment de l’individu. Du coup, l’espoir d’une vie meilleure et d’un travail poussent les populations rurales à aller s’entasser dans les villes. Les modes de vie vont commencer à s’uniformiser.
Dans le même temps, le rationalisme des Lumières et l’empire de la science ont désenchanté le monde, pour reprendre l’expression inventée par Max Weber.
Tout devient objectivité.
Les symboles disparaissent.
Le religieux recule et ne détermine plus les conduites ni la conception du monde.
Le rapport à Dieu, quand il ne disparaît tout simplement pas, se fait plus discret.
Bien souvent, ce sont finalement le sens de la vie et les valeurs anciennes qui se perdent.
Les poètes et artistes des exclus de la société du XIX° ?
Le poète romantique se place en désaccord fondamental avec la société moderne. Il devient un pariât, un maudit, cherchant dans l’art et la poésie un remède à ces désenchantements successifs. On voit éclore un culte de la subjectivité, du Moi profond qui se traduit par des vers marqués par un lyrisme exacerbé, qu’on considère aujourd’hui comme terriblement cliché, comme le célèbre:
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
de Lamartine

La Nature est également un motif récurent de la poésie romantique. Elle est considérée par ces derniers comme le sanctuaire du souffle divin que seul le poète peut encore sentir. Et Baudelaire de clamer dans le poème Correspondances:
La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles.
Elle protège aussi l’artiste de la mauvaise influence de la civilisation. Rousseau déjà au XVIIIe s’y était isolé et s’était en même temps couvert de ridicule…
La poésie romantique est donc l’expression d’une quête pour retrouver une spiritualité perdue. Elle se fait alors reliquat de croyances païennes ancestrales comme le pythagorisme, du « tout est sensible! » chez Nerval, pour réintroduire les idéaux passés dans le présent.
Et l’art, par le rêve, le mystère, le voyage, jusqu’à parfois la folie, franchira toutes les limites pour produire grâce à l’imagination une poésie sacrée et sensible, débarrassée des carcans où les contraires, loin de s’opposer, s’enrichissent en se réunissant.
Les Fleurs du Mal de Baudelaire reste un exemple éclatant qui résume assez bien les aspirations d’une génération de poètes plongés dans une période d’incertitude où l’art, par leur biais, se fait sacré à la place du sacré. D’où le nom de la première partie du recueil: Spleen et Idéal.
Cet article est inspiré à la base de celui écrit par Djinnzz sur le blog « EtaleTaCulture » (#ETC pour les intimes)
PAR L. · PUBLICATION 20 NOVEMBRE 2016 · MIS À JOUR 20 NOVEMBRE 2016
Le XIX° une répétition générale du XXI° qui se découvre ?
Or, je ne peux m’empêcher de constater une certaine similitude entre ce siècle qui a consacré l’ère industrielle avec toutes les promesses qui ont émergées de travail pour tous et de modernité triomphante, des balbutiements du capitalisme, des mouvements de masse des populations qui sont devenues à majorité citadines en deux ou trois générations.
Le XX° siècle a célébré ces lendemains qui chantent jusqu’à connaître les « trente glorieuses », je me rappelle que la jeunesse de cette époque était insouciante, heureuse et totalement confiante en son avenir radieux…
Ce vingt-et-unième siècle n’est entamé que de vingt ans mais les mentalité ont été bouleversées suite à des profondes modifications des valeurs, nous sommes devenus plus individualistes et la recherche de la sécurité et du bien collectif (paradoxalement) ont supplanté celui de vivre sans entraves et de favoriser la liberté avant tout.
Bien sûr, le covid est passé par là, beaucoup pensent également que le capitalisme naissant deux siècles auparavant a évolué et a dorénavant engendré une société rude, orientée sur la recherche de profits bien avant celle de la recherche du bonheur qui était chère à nos philosophes du XVIII°
Le consumérisme, l’ultra libéralisme sauvage, l’obsolescence programmée, toutes ces notions amènent à se poser la question : « Quelle sera la place de l’Homme dans la société de demain ?
Toutes les utopie post révolution industrielle sont tombées les unes après les autres, celles qui promettaient cet avenir radieux qui n’a jamais été au rendez-vous mais à qui s’est substitué une imposture néo-esclavagiste tant les individus sont littéralement pieds et poings liés par des obligations financières entre autres.
Que sont devenus les artistes et les rêveurs dans cette société laborieuse, qui produit des richesses comme jamais auparavant mais, sans doute à cause d’une redistribution déséquilibrée de ces richesses, il règne une misère sociale et une pauvreté culturelle qu’avaient anticipé des auteurs comme Orwell ou Huxley
Les enfants du XX°, devenus parents de ceux du XXI° ont-ils failli dans leur tâche d’éducation ? Avons-nous fauté en n’ayant pas soupçonné la société profondément liberticide qui est en train de se mettre en place ?
Où, tout simplement, l’évolution de notre société suit un schéma que nous ne comprenons pas mais que tous ces jeunes appellent de leurs vœux, ou du moins ne sont pas particulièrement opposés à cette vie qui se positionne.
Les paris sont ouverts et l’Histoire s’écrit perpétuellement…