« Ichigo ichie » : quelle est cette philosophie de vie qui vous promet plus de bien-être ?
Connaissez-vous le « ichigo ichie » ? Cette philosophie japonaise est au cœur d’un ouvrage « Fais de chaque instant le meilleur de ta vie ».
L’ichigo ichie est une philosophie de vie japonaise
« Alors on vit chaque jour comme le dernier / Et vous feriez pareil si seulement vous saviez ». Parce qu’on vient de loin, morceau de Corneille sorti en 2002, résume bien le ichigo ichie, cette philosophie de vie japonaise mise à l’honneur dans le livre Fais de chaque instant le meilleur de ta vie, de Héctor García et Francesc Miralles (1), publié en février 2019.
Ces deux auteurs espagnols, spécialistes des arts de vivre japonais, proposent à leurs lecteurs et lectrices de s’inspirer de cette tradition pour mieux apprécier le moment présent, être plus à l’écoute des petits instants de bonheur du quotidien et, enfin, être plus connecté-e à ceux qui nous sont proches.
Littéralement, le ichigo ichie veut dire « ce que nous sommes en train de vivre maintenant ne se répétera jamais plus », notent les deux auteurs dans leur ouvrage. « Le concept peut se traduire comme ‘une fois, une rencontre’, ou encore ‘à cet instant, une occasion’. Il véhicule l’idée que chaque rencontre, chaque expérience que nous vivons est un trésor unique qui ne se reproduira plus jamais de la même manière. Si nous le laissons échapper sans en profiter, l’occasion sera perdue pour toujours. »
En d’autres termes, le ichigo ichie nous permet de ralentir, d’être dans le moment présent et de savourer chaque instant avec nos proches parce que l’on sait qu’ils sont précieux et uniques.
Anxiété, tristesse, colère… Comment rompre avec les émotions négatives ?
D’abord issu de la traditionnelle cérémonie du thé, le ichigo ichie s’adapte aux vies contemporaines des Japonais et des Japonaises. Aujourd’hui, le peuple nippon utilise en effet l’expression dans deux situations, expliquent Héctor García et Francesc Miralles : lors d’une rencontre avec une nouvelle personne (pour signifier que cette rencontre fortuite était agréable) ou lors d’un moment que l’on partage avec des personnes que l’on connaît bien (pour souligner le caractère unique de ce moment).
« Les deux usages de l’expression ont en commun d’exprimer de la gratitude et d’apprécier le moment partagé », peut-on lire dans l’ouvrage.
Si le concept a pu s’adapter à la modernité japonaise, il peut également s’expérimenter ailleurs dans nos quotidiens occidentaux. Comment ? Voici différents préceptes issus du ichigo ichie dont vous pouvez vous inspirer à votre tour et jouir ainsi d’une vie plus ancrée dans l’instant présent, le partage et la gratitude.
Soyez à l’affût de tous les bons moments que la vie vous offre
Le rayon de soleil qui traverse votre fenêtre pour s’échouer dans la tasse de votre café, le baiser de votre fille déposée sur votre joue avant son entrée dans la cour de l’école, l’odeur du printemps qui s’installe dans un jardin public… Les bons moments se cachent dans les plus petits détails du quotidien. Le ichigo ichie vous encourage à chasser ces pépites et à prendre conscience de la chance que vous avez de les avoir trouvées.
« Lorsque nous devenons des chasseurs de moments, tout finit par devenir unique et sublime, parce que nous avons le privilège de savoir que ce que nous sommes en train de vivre pile maintenant ne se répétera plus jamais », écrivent Héctor García et Francesc Miralles.
Expérimentez la pleine conscience
Malheureusement, être dans le moment présent, le ressentir complètement et savoir l’apprécier, n’est pas une mince affaire dans notre société ultra-connectée, où les distractions nous sollicitent de toute part.
Pour échapper à cette influence, essayez cet exercice : coupez votre téléphone, asseyez-vous quelque part, sur un banc public, sur les marches d’une église, au bord d’une rivière ou au pied d’un arbre et observez ce qu’il se passe. Écoutez les sons qui vous entoure, partez à la recherche du moindre détail, sentez les odeurs qui émanent des environs, concentrez-vous sur le contact du vent sur votre peau, de l’herbe sur vos mains… Bref, ouvrez vos sens et expérimentez la pleine conscience de la façon la plus simple qui soi
Entourez-vous des bonnes personnes
Le ichigo ichie encourage à s’entourer de celles et ceux qui nous font du bien dans des endroits calmes et agréables, propices aux discussions inspirées avec une règle : l’écoute est fondamentale.
Ainsi, lors d’une rencontre en groupe, le ichigo ichie impose à tous et à toutes de s’écouter avec bienveillance, de questionner l’autre mais sans l’interrompre, de ne pas donner de conseils s’ils n’ont pas été demandés et d’apprécier les moments de silence, ces respirations nécessaires qu’il est inutile de combler par des paroles vides de sens.
Sortez de la routine
La notion de nouveauté et d’inédit est très présente dans le ichigo ichie et c’est pourquoi Héctor García et Francesc Miralles encouragent leurs lecteurs et lectrices à sortir de leur zone de confort en s’essayant à de la nouveauté, en engageant la discussion avec des inconnus ou en brisant la routine dans son couple par exemple. L’objectif est toujours le même : savourer chaque instant de la vie, créer soi-même ces petits bonheurs du quotidien.
Car ne n’oublions pas, un des principes mêmes de cette philosophie japonaise est de comprendre qu’il ne tient qu’à nous de transformer une réalité qui ne nous plait pas. Tout est une question d’angle, de perspective et, parfois, de passage à l’action. Vous trouvez votre vie trop ennuyante ? Économisez quelques mois et partez en vacances loin de votre pays ou dans la région d’à côté, peu importe du moment que c’est dépaysant !
Tenez un journal
Pour appréhender de mieux en mieux l’art du ichigo ichie, rien de tel que de prendre des notes au fur et à mesure de votre pratique. Notez tous les soirs les bons moments que vous avez chassés durant la journée, retranscrivez les conversations qui vous ont inspirée lors d’un café entre amies, écrivez ce dont vous avez envie pour être heureuses et tentez de comprendre ce qu’il se passe en vous quand vous décidez de couper votre smartphone au profit d’une balade dans la rue ou la forêt.
(1) Fais de chaque instant le meilleur de ta vie, de Héctor García et Francesc Miralles, éditions Solar, 176 pages, 15,90 euros.
Ne pas remettre à plus tard les moments privilégiés. Chaque occasion ne se présente qu’une seule fois. Si vous ne la saisissez pas, elle est perdue à jamais. La vie est une question de « maintenant ou jamais ».
Vivez comme si cela n’allait se produire qu’une seule fois dans votre vie. C’est pourquoi il est inspirant de saluer et de dire au revoir à nos proches : pour nous faire prendre conscience du caractère unique de chaque rencontre.
S’installer dans le présent. Les voyages dans le passé et l’avenir sont souvent douloureux et presque toujours inutiles. On ne peut pas changer ce qui est arrivé. Vous ne pouvez pas savoir ce qui va se passer. Mais ici, en ce moment, toutes les possibilités du monde s’offrent à vous.
Faites quelque chose que vous n’avez jamais fait auparavant. Comme l’a dit Einstein, vous ne pouvez pas faire la même chose encore et encore et vous attendre à des résultats différents. Une autre façon de parvenir à un moment inoubliable est de se donner une chance et de laisser quelque chose de nouveau « s’épanouir en soi ».
Pratiquez la méditation. Vous pouvez vous asseoir sur un coussin de méditation et observer le miracle de la vie. Le simple fait de s’éloigner du tourbillon quotidien et des obligations vous ouvrira les portes du bien-être.
Faites appel à vos cinq sens. Entraînez-vous à l’art d’écouter, d’observer, de toucher, de goûter et de sentir pour donner à chaque instant la richesse de la perception humaine. Cela vous permettra également d’être plus attentif aux autres et d’augmenter votre niveau d’empathie et d’influence.
Remarquez les coïncidences. Être conscient des coïncidences nous aide à mieux lire les signes envoyés par l’univers. Un journal dans lequel nous notons ces moments de magie quotidienne augmentera notre capacité à suivre les « fils invisibles » de la réalité.
Faites de chaque rassemblement une fête. N’attendez pas les bonnes circonstances (des vacances, un voyage, un anniversaire) pour vivre des choses extraordinaires. Avec le bon état d’esprit, chaque jour peut être une fête.
Si vous n’aimez pas ce qui existe, faites quelque chose de différent. Les êtres humains ont le pouvoir de se réinventer autant de fois qu’il le faut. Si votre réalité est trop terne et trop prévisible pour vivre, avec Ichigo ichie vous avez la possibilité d’en créer une autre.
Soyez un « chasseur de moments spéciaux ». Comme pour toute activité, il faut tenter pour voir si ça vous plait.
Le Lebensraum nazi n’est-il pas l’équivalent de l’American Way of Life ?
Je reconnais que ce texte fait référence à certaines circonstances historiques et à certains auteurs pour en expliciter la lecture mais qui néanmoins en demeure ardu, technique et long, mais la réalité de la vérité est à ce prix. Il y a trop de personnes premières venues qui se propulsent « spécialistes » en géopolitique ou en distribution de valeurs – accompagnées de bons (ou mauvais) points – ces promoteurs de l’expansion meurtrière, dispensateurs de haine et d’extermination avec d’autant plus de hargne que le champs d’opération militaire se passe bien loin de leur propre jardin.
Ces « N’a-qu’un-oeil » englués dans leur surdité partisane et ensevelis sous les discours propagandistes de quelque côté idéologique que ce soit qui leur fait considérer qu’il font forcément partie du bon côté, celui du bien, du beau et du parfait et que tous les autres sont des méchants, des criminels et qu’il est donc de bienfait public universel de tous les exterminer.
C’est ainsi que naissent tous les conflits, toutes les guerres et toutes les errances historiques, point n’est besoin de nous dire que nous avons encore fait une terrible erreur, que nous nous sommes encore fait rouler, qu’on nous a dissimulé des faits et évidences, qu’on nous a incité à recourir à l’impensable contre notre gré nous avons initié des crimes de guerre, nous avons demandé jusqu’à en hurler de détruire cet ignoble tyran qui envahit un pays souverain sans raison (!)
L’humanité, bon débarras ?
Finalement, on va s’apercevoir que la guerre est une nouvelle fois un échec cuisant subit par l’humanité entière qui n’a pas eu la moindre parcelle d’intelligence pour empêcher ces millions de jeunes gens à qui ont a donné un uniforme (pour les rouler dans l’uniformité = éteindre leur individualité).
On a préféré rendre les « Êtres humains » vociférants, assoiffés de haine et de destruction alors que l’intelligence et la raison – l’Amour de son prochain ? – commandait l’apaisement et la concertation…
J’avoue que je suis pessimiste concernant l’espèce humaine, mais je suis optimiste en pensant à sa disparition de la surface terrestre qui ne représente que des avantages en considérant ce que nous sommes devenus, en fait, cette stagnation que nous connaissons depuis qu’on nous a octroyé cette intelligence que nous avons lamentablement dilapidée.
Heureusement que le camp des gentils veille et viendra rétablir l’ordre, la paix, l’harmonie et la prospérité économique. Avec tout le désintéressement que l’on reconnaît bien évidemment à ce grand frère bienveillant.
Mais, je laisse la parole à un penseur que j’admire, Michel Onfray, et je suis heureux de reproduire ici son opinion exprimée dans le texte intégral de son article paru la semaine du 28 mars 2012 sur son site ; merci de l’avoir publié
Au lieu de se complaire dans un exercice facile et stérile de diabolisation du président russe, Michel Onfray se demande plutôt si l’Occident est intellectuellement armé pour anticiper et affronter la politique du maître du Kremlin.
Envahir un territoire est inacceptable
Le souverainiste que je suis ne peut que déplorer sans condition l’invasion de l’Ukraine, un pays libre et autonome, par la seule volonté de Poutine qui retourne le gant occidental en revendiquant à son tour, comme BHL et ses amis, un droit d’ingérence pour légitimer son impérialisme! Toute la thématique souverainiste se trouve validée par ce qui advient. Car, qu’est-ce que le combat des Ukrainiens sinon celui d’un pays et d’un peuple qui ne veulent pas perdre leur souveraineté et ne souhaitent nullement leur vassalisation par la Russie de Poutine?
Les Ukrainiens ont raison contre Poutine qu’il ne faut pas confondre avec le peuple russe – voire avec tout ce qui est russe: Dostoïevski ou Tchaïkovski stigmatisés, les footballeurs et les musiciens russes interdits de compétitions ou de concerts, les chats russes privés de concours félins, la vodka russe ou le bœuf Strogonoff frappés d’interdit, quels délires! C’est fou comme les mondialistes sont devenus des xénophobes de la plus sale eau d’un seul coup d’un seul en associant dans une même haine tout ce qui est russe depuis le début de la Russie! Au feu Tolstoï et Chostakovitch, Pouchkine et Eisenstein, au feu Pierre le Grand et Catherine de Russie, au feu l’Ermitage et la place Rouge! Pourquoi pas même : haro sur le cornichon sucré! Que va bien pouvoir manger la gauche caviar?
Tous ceux qui haïssent le souverainisme en France au nom de la mondialisation heureuse se retrouvent clairement du côté du souverainisme quand il s’agit de l’Ukraine! Éloge des frontières ukrainiennes, du drapeau ukrainien, des couleurs ukrainiennes, de la résistance ukrainienne, du patriotisme ukrainien, de l’armée ukrainienne, du peuple ukrainien, de l’armée ukrainienne! Quel bonheur de voir cette clique, BHL en tête, ces Déroulède en jaune et bleu, valider le souverainisme et fustiger la vassalisation [1].
Quelques crétins idéologues partisans de cette fameuse mondialisation heureuse s’accrochent encore aux thèses que Fukuyama développe dans La Fin de l’Histoire et Le Dernier Homme pour affirmer que ce qui advient en Ukraine témoigne qu’Huntington a tort! Faut-il être aveugle et vouloir désespérément le demeurer pour proclamer devant un champ de ruines où se mène une guerre de civilisation que la thèse du choc des civilisations s’avère nulle et non avenue ? Serait-ce alors plutôt le spectacle de la fin de l’histoire avec la réalisation du libéralisme partout sur la planète auquel nous assistons? Allons, soyons sérieux…
La folie de Poutine ?: un gage pratique de justification de notre conformité
Pour penser ainsi, ou plutôt: pour ne pas penser ainsi, c’est-à-dire ne pas penser du tout, il faut bien proposer une thèse alternative. Laquelle? Poutine est fou. Ce qui explique tout! Il est paranoïaque, il se botoxe le visage, il craint le covid comme un enfant, il était un piètre agent du KGB, il est mégalomane, psychotique, paranoïaque, il est enfermé au Kremlin seul depuis des années, il ne voit que cinq ou six personnes – n’aurait-il pas par hasard les pieds un peu fourchus et les oreilles franchement pointues et poilues?
J’avais lu en son temps l’excellent livre de Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Poutine, paru en 2015. Cet ouvrage montre bien qu’il existe une pensée Poutine qui ne relève aucunement du délire, de la folie ou d’une autre pathologie. Rappelons que la criminalisation par un pouvoir de ce qui lui résiste par la maladie mentale fut une grande spécialité soviétique…
J’ai relu il y a quelques jours ce livre plume à la main [2]. Il en ressort que Poutine offre comme cadeau de nouvel an des livres aux gens avec qui il travaille, qui plus est des livres de philosophie: Philosophie de l’inégalité de Berdiaev, La Justification du bien de Soloviev, Nos missions d’Ilyine par exemple… Est-ce la façon d’un fou? Je n’en suis pas bien sûr. C’est celle d’un homme qui fait de la politique, sait ce qu’il veut et va où il a décidé d’aller. Ce projet n’est pas neuf chez lui.
Certes Poutine n’est pas un philosophe professionnel et il fait un usage, disons éclectique et pragmatique de la philosophie russe. Il n’a pas fait d’études de philosophie à proprement parler, ce qui de toute façon ne garantirait de rien, mais des études de droit au cours desquelles il a lu Locke, Hobbes et Kant qu’il a souvent cité dans une première époque, celle dont on peut dire qu’elle était occidentaliste.
Hier et aujourd’hui, Poutine s’inscrit dans un très ancien débat russe qui oppose les occidentalistes aux slavophiles [3]. Jadis en quête d’identité, les intellectuels, penseurs et philosophes russes estimaient qu’il fallait choisir entre se tourner vers l’est ou regarder vers l’ouest.
Les premiers, les slavophiles, font entrer la philosophie en Russie: ils sont influencés par Schelling et Hegel; ils croient à la puissance de l’identité russe; ils défendent l’existence d’un génie national propre; ils donnent à la religion et aux valeurs de l’aristocratie une importance généalogique capitale; ils critiquent l’individualisme, le mode de vie occidental; ils célèbrent la communauté organique du peuple russe ; ils sont romantiques; ils refusent de faire partie de l’Europe en estimant qu’ils ne sauraient être une partie de ce petit tout alors qu’ils sont géographiquement les plus importants; ils s’opposent à l’Occident; ils croient que les Slaves pourraient initier un nouvel ordre mondial alternatif au mode de vie occidental. N’y sommes-nous pas?
Les seconds, les occidentalistes, regardent vers Paris qui passe pour la capitale des élégances européennes; ils veulent abolir l’arbitraire impérial qui limite les libertés, s’appuie sur la religion orthodoxe et défend un nationalisme impérieux; ils lui préfèrent un socialisme français et sont influencés par Saint-Simon, Charles Fourier, Louis Blanc, Etienne Cabet, George Sand; l’un d’entre eux, Herzen, fréquente Proudhon et correspond avec Bakounine; ils défendent le matérialisme, donc l’athéisme.
On se doute, bien sûr, que les occidentalistes ont la faveur des intellectuels et les slavophiles celles du peuple. Poutine inscrit donc sa politique dans ce vieux combat idéologique, intellectuel, philosophique: il veut une Russie slavophile et combat une Ukraine occidentaliste. A leur manière, c’est du moins ce que pense Poutine, Lénine était occidentaliste, son marxisme hégélien témoigne, pendant que Staline était plus proche des slavophiles, sa grande guerre nationale contre le nazisme en fait foi.
Bien plus profond et plus ancré dans l’Histoire qu’on veut bien l’espérer
Pour justifier la guerre impérialiste de Poutine contre l’Ukraine, les références faites à l’OTAN, à l’installation des missiles dans des pays frontaliers de la Russie qui, au temps de l’Union soviétique, en faisaient partie, à leur adhésion à l’OTAN, sont un leurre: il ne s’agit que de la partie émergée du problème, sa formulation médiatique. Poutine ne saurait vraiment craindre les armes de l’OTAN basées sur les pays acquis à la cause occidentaliste depuis la fin de l’URSS, car l’armement russe peut, venu du ciel via les bombardiers et les chasseurs, ou des fonds marins, via les sous-marins, sinon de la terre à la frontière ouest de la Russie, le tout conduit via l’espace qu’il maîtrise, à quoi bon sinon le tir contre un satellite il y a peu [4], riposter sans problème à des attaques venues de batteries de missiles situées sur les pays de l’ancienne URSS qui ont choisi l’ouest pour son mode de vie individualiste, hédoniste, consumériste, postchrétien [5]. C’est leur façon à eux, sans peut-être vraiment le savoir, de jouer la carte occidentaliste, ce que Poutine le slavophile ne peut pas supporter. Poutine pourra bien faire, il aura toujours une frontière commune avec l’Europe occidentaliste. Plus ou moins à l’est n’est pas le problème.
Le problème, c’est son désir impérialiste d’étendre son espace vital slavophile anti-occidentaliste. C’est désormais le nôtre aussi puisque la France prend position contre la Russie au nom de la décision de son chef de l’État, pourtant à une poignée de jours d’une élection qui décidera de sa reconduction ou non, d’engager notre pays dans la guerre sans consultation du Congrès.
Une fois de plus, le souverainiste que je suis voit dans ce conflit la validation de ses thèses: j’ai toujours dit que la jurisprudence Mitterrand qui, le 17 janvier 1995, annonce au Bundestag que «le nationalisme c’est la guerre», était fautive et délirante – c’était un propos électoraliste pour cet europhile paradoxalement devenu giscardien depuis son renoncement au socialisme en 1983. Ce n’est pas le nationalisme qui pose problème, mais l’impérialisme, ce qui n’est pas la même chose.
Une nation n’aspire pas de façon automatique à l’étendue de son espace vital – ce qui définit l’impérialisme, mais aussi le fascisme, qu’on se souvienne du Lebensraum nazi. La Première Guerre ne commence pas par hasard avec l’assassinat de l’archiduc de l’Empire austro-hongrois à Sarajevo. Cette guerre a fondamentalement opposé des Empires qui luttaient pour l’extension de leur espace vital via le colonialisme. L’Autriche-Hongrie, le II° Reich de l’Allemagne, l’Empire français, l’Empire anglais, l’Empire ottoman, l’Empire russe, voilà les belligérants de l’époque. L’Alsace-Lorraine, c’est juste pour l’image d’Épinal localo-locale qui mobilise la troupe française d’un peuple qu’on envoie se faire trouer la peau pour sauver les Empires…
Poutine a hérité d’un pays qui fit peur au monde entier pendant des décennies et qui, après la chute de l’URSS, s’est retrouvé comme une friche industrielle traversée par les vents mauvais de l’histoire qui se faisait désormais sans lui. Le traumatisme de Poutine est là. Il l’a dit, on l’a beaucoup répété sans en tirer les conséquences pour l’avenir de l’Europe: la chute de l’URSS fut «la plus grande catastrophe géopolitique du XX° siècle». Vingt-cinq millions de Russes ethniques se sont retrouvés en dehors de la frontière de la nouvelle Russie, soit l’équivalent d’un gros pays d’Europe éparpillé. Le destin de ces miettes structure notre avenir. Poutine souhaite les réunir. De ce fait, il russifie à tout va et affirme de l’Ukraine et de la Russie: «Nous sommes un seul et même peuple.» L’Ukraine n’est donc pas pour lui un État souverain, ce qu’il est pourtant, mais une partie de la Russie. Il ne veut pas perdre ces « russes »-là et souhaite les récupérer alors que l’OTAN entend bien les ancrer à l’ouest. Ce projet de reconquête impérialiste doublé d’un projet impérialiste américain d’étendre son influence dans ces mêmes pays grâce à l’OTAN, qu’on se souvienne des bombardements de la Serbie effectués par l’OTAN en 1999 durant la guerre du Kosovo (territoire toujours revendiqué par Belgrade), que Poutine a pris comme une offense, c’est ni plus ni moins un conflit de civilisation.
Dans son option géopolitique, Poutine pèse ses mots et ne parle ni des totalitarismes rouges et bruns, encore moins de la Shoah qui, à l’ouest, joue le rôle d’axe spirituel du monde post-nazi [6], mais de la seule chute de l’Empire soviétique. On ne peut plus slavophile comme lecture du monde au XX° siècle.
Personnellement, dans les années 90 du siècle dernier, cet ancien officier du KGB qu’est Poutine, dont le grand-père fut cuisinier chez Lénine puis chez Staline, est devenu chauffeur de taxi avec sa voiture personnelle pour vivre dans son pays en ruines.
La mainmise marxiste sur la philosophie de l’histoire a longtemps empêché de la penser en dehors de cette idéologie. C’est dommage, car, autre moteur que les masses, le ressentiment joue un rôle majeur dans la fabrication de l’Histoire [7]. Il est acquis désormais que l’humiliation du Traité de Versailles n’est pas pour peu dans le trajet victorieux d’un certain Adolf Hitler et sur le déploiement européen de l’Histoire qui s’en est suivie jusqu’à aujourd’hui – Poutine parle encore des nazis en Ukraine! On n’humilie pas impunément un homme ou un peuple.
La Russie ? Un Empire et un peuple bafoué par l’Europe
J’ai l’âge de me souvenir avec quel mépris le président de la République François Mitterrand a accueilli les demandes d’aide de Gorbatchev qui voulait, avec Glasnost et Perestroïka, libéraliser l’URSS, la moderniser, autrement dit : l’ancrer dans le camp occidentaliste. C’était l’occasion adéquate de réaliser le fabuleux projet gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. C’eut alors été une véritable Europe, géopolitique et géostratégique, civilisationnelle, ce que l’Europe déjà avachie qui deviendra celle de Maastricht ne pouvait accepter.
Je me rappelle également du cynisme avec lequel le même Mitterrand avait accueilli le putsch effectué par des communistes purs et durs en août 1991 avec l’arrestation de Gorbatchev mis en résidence surveillée. Mitterrand prenait fait et cause contre l’homme de la Perestroïka et pour les putschistes de l’URSS – ce Florentin pour les seules petites choses était incapable de penser le monde, que ce fut celui du pays qu’il dirigeait, mais également le restant de la planète. Gorbatchev fut ainsi vite fait sorti de l’Histoire. Ce fut un alcoolique notoire, corrompu, grossier, vulgaire, Boris Eltsine, qui prit la tête de cet Empire effondré. C’était l’homme ad hoc pour l’Europe franco-allemande qui mit la Russie au ban des peuples et des pays.
Je me souviens également d’un diner chez un ami éleveur de chevaux en Normandie. Il avait invité un couple de parisiens propriétaires d’une maison dans l’Orne. La discussion a dérapé rapidement avec la quadragénaire : elle travaillait au FMI et racontait comment elle arrivait dans les vastes entreprises soviétiques après la chute de l’URSS. Elle demandait le patron. C’était la plupart du temps le plus idéologique, le plus corrompu, le plus cynique, le plus opportuniste que son grenouillage dans le Parti avait installé à ce poste : patron d’une mine d’or, directeur d’un condominium, chef d’une immense aciérie. Pour une somme symbolique que lui rétrocédait cet apparatchik soviétique, elle lui délivrait un titre de propriété du bien en question. Elle a fait partie de cette équipe de soudards qui a vendu à l’encan l’ancien patrimoine industriel, les mines d’or et de charbon, les ressources du pays, à des privés en créant une mafia – les fameux oligarques dont la vulgarité est bien connue partout où l’on peut les voir en France…
C’est cette humiliation de la Russie signifiée par l’Europe de l’Ouest qu’il nomme «l’Occident» (lui et ses amis comme les Serbes) que Poutine a décidé de venger. Chacun jugera qu’il ne s’agit pas du projet d’un fou, mais d’un homme qui a la mémoire longue et mauvaise. C’est celui d’un fasciste impérialiste, je reviendrai sur cette expression plus loin, mais pas celui d’un fou. Poutine prépare cette revanche depuis des décennies. C’est donc très exactement le projet d’un chef de guerre qui a organisé depuis longtemps la bataille qu’il mène depuis un certain temps, mais qui se fait médiatiquement planétaire ces temps-ci. Depuis des années, il conduit une économie de guerre ce qu’aucun de nos économistes de salon n’a remarqué…
Rappelons que la guerre dans le Donbass dure depuis 2014, autrement dit depuis sept ans, et qu’elle n’a surpris que les abrutis qui se remplacent à la tête de l’État français et des instances européennes dont le métier consiste pourtant à regarder ces choses-là de près et à travailler à leur prévention. Cette guerre signale l’impéritie de l’Europe et non son triomphe comme il est parfois dit. Une fois de plus, les cerveaux de l’Europe maastrichtienne montrent leur inculture crasse, obsédés qu’ils sont par les seuls coffres-forts.
Poutine dit depuis vingt ans qu’il va faire ce qu’il fait actuellement et les dirigeants français et européens regardent ailleurs tout aux projets minables de leurs carrières et de leurs réélections…
La Russie ? Un Empire et un peuple humilié en plus par les USA
Les politiciens professionnels n’ont aucunement le sens de l’Histoire. Ils servent les intérêts du marché planétaire et croient que cela suffit pour écrire l’Histoire. Ils sont tellement incompétents et idéologisés que, devant les images mêmes de ce conflit qui oppose la Russie et l’Ukraine, j’y reviens, ils nient qu’Huntington ait raison ! Cette guerre serait donc le signe de la fin de l’histoire et du triomphe planétaire de l’idéologie libérale sur la totalité de la planète? Les projets impérialistes de l’État islamique, ceux de Poutine, mais également ceux de la Chine, de la Turquie, sinon de l’Inde, prouvent que le choc des civilisations est plus que jamais d’actualité. N’oublions pas dans ce bal des maudits le projet de l’impérialisme maastrichtien arrimé à celui des États-Unis.
Les naïfs diront: mais l’Europe n’est-elle pas une seule et même civilisation? Oui si l’on pense en termes de religion, elle est judéo-chrétienne. Mais non si l’on pense plus finement en termes théologiques, il y a dans cette même Europe, trois façons d’être chrétien: une catholique, une protestante, une orthodoxe. Ce sont trois façons d’être européens. Il y a des uniates en Ukraine, ils sont orthodoxes, mais ils reconnaissent l’autorité du pape ce qui en fait des occidentalistes, pendant que les orthodoxes russes constituent une église autocéphale, donc slavophile.
En pragmatique, Poutine a d’abord cherché comment relever la Russie après la chute de l’URSS. Dans son bureau de Saint-Pétersbourg, au début des années 90, il affiche un portait de Pierre Le Grand, un clair aveu d’occidentalisme. C’est l’époque où il cite Kant avec ferveur. Il souhaite alors «une unification juridique avec l’Europe». Ni les États-Unis, ni l’OTAN, ni l’Occident ne sont alors des ennemis: il veut en faire des alliés. L’Europe s’est à nouveau moquée de cette sébile tendue.
Arrogante, cette Europe maastrichtienne demande qu’on partage ses valeurs. Quelles sont-elles? Emmanuel Macron, récent président de cette Europe-là, a fait de l’avortement un marqueur civilisationnel occidentaliste [8]. Il a en effet souhaité, dès sa prise de fonction, inscrire le droit à l’avortement dans la charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne.
Poutine n’a pas souhaité remettre la Russie debout avec ces valeurs -là, celles de ce qu’il nomme l’Occident! Il a renoncé à la voie occidentaliste parce qu’il ne veut pas occidentaliser la Russie, car il sait que russifier l’Europe maastrichtienne s’avère impensable dans le cadre légal.
Tenté par l’occidentalisme pour sauver la Russie, Poutine a vite compris que le pays ne serait sauvé que s’il renonçait à être lui-même, que s’il passait son identité, l’identité de son pays, par-dessus bord. S’il optait pour l’occidentalisme, alors il pourrait compter sur l’Europe maastrichtienne, sinon, non. Il n’a pas souhaité brader son pays à l’Europe maastrichtienne dont l’horizon consiste à abolir les pays, les peuples, les nations, les cultures, au profit d’un immense marché planétaire gouverné par l’État total d’un gouvernement universel dont le pilotage ne sera sûrement pas européen et encore moins russe. Les Américains y veillent: c’est leur projet [9]. Ça n’est évidemment pas celui de Poutine qui commence en Ukraine la guerre de civilisation afférente.
Revenu de cette stratégie occidentaliste, Poutine a changé de cap. Il est également passé de la paix perpétuelle de Kant à la guerre de Clausewitz. La slavophilie exige une bascule vers l’est de cette Russie partiellement européenne dans sa partie ouest – qu’on se souvienne: de l’Atlantique à l’Oural…
C’est désormais le projet eurasien qui l’intéresse. La résolution de la tension entre occidentalistes et slavophiles ne s’effectue plus de manière dialectique par une synthèse qui rendrait possible une dynamique occidentaliste et slavophile, mais par un mouvement slavophile oriental anti-occidentaliste. L’Occident, c’est-à-dire l’Europe de l’Ouest, est désormais clairement l’ennemi de Poutine.
En vertu de ce nouveau cap civilisationnel, Poutine a choisi la Chine comme amie. C’est une alliance de combat contre un ennemi commun: l’Occident. Mais cette union ne saurait durer au-delà du temps de l’adversaire partagé, car la Chine elle aussi a un projet impérial et impérialiste planétaire. Amis pour l’heure, ils auront pourtant à devenir et à être ennemis. Leurs projets impérialistes respectifs les y contraindront.
Poutine a longtemps préparé cette guerre en Ukraine. On sait qu’il a désindexé sa monnaie du dollar pour l’indexer sur l’or ce qui le rend inaccessible aux spéculations américaines donc européistes. On n’ignore pas non plus qu’il a préparé un débouché commercial chinois pour son gaz qui ne restera pas sans acheteur. Il a prévu le boycott international qui ne manquerait pas de surgir après son entrée en Ukraine, il l’a enjambé en se créant souverain, donc indépendant. Le pôle eurasien est donc tactique. A-t-il vocation à devenir civilisationnel ? Je crains que la slavophilie ne soit pas soluble dans le confucianisme, ni le marché libéral russe dans le communisme chinois.
Pour l’heure, on ne sait ce qui se trouve dans la tête de Poutine : après l’Ukraine, quels sont ses projets? Un homme qui a clairement annoncé aspirer à restaurer la grandeur russe avec les valeurs du christianisme orthodoxe et qui a clairement choisi la force, la violence, la guerre pour réaliser son projet, devient un adversaire armé, casqué et botté de l’Occident comme il dit- pour ma part, je dirais: d’une Europe slavophile de l’est contre l’autre occidentaliste de l’ouest.
Comment nommer Poutine? Démocrate autoritaire? Dictateur? Tyran ? Illibéral? Je pose pour ma part qu’avec son entrée militaire dans l’Ukraine il incarne désormais le fasciste.
Un problème sémantique se pose avec ce mot et je le signale depuis des années. Staline a introduit l’usage du mot «fasciste» pour caractériser quiconque ne pensait pas comme lui. On voit bien que Poutine fait de même en traitant de «nazis» les Ukrainiens. Si un fasciste ou un nazi est juste une personne qu’on insulte, les mots ne veulent plus rien dire. J’ai moi-même si souvent fait les frais de cette insulte que la preuve est donnée que le mot se trouve désormais vidé de son sens, de sa substance. Chacun connait la fable d’Ésope qui met en scène un berger seul dans la montagne qui crie au loup si souvent et sans raison que le jour où les bêtes sont là, il voit périr son troupeau.
Et pourtant.
On doit pouvoir l’utiliser à nouveau dans son sens véritable. Historiquement, le fascisme est une idéologie qui méprise la démocratie parlementaire pour lui préférer le César qui tient le pouvoir dans ses seules mains au nom du peuple: qui dira que Poutine n’est pas César en Russie? Pour ce faire, il se passe d’élection ou il bourre les urnes: on sait que tel est le cas, que Medvedev a été son homme de paille pendant qu’il gouvernait alors que les textes ne le lui permettaient pas; la loi et le droit, c’est lui, pas question dès lors qu’il existe une opposition: nul n’ignore qu’il emprisonne ses opposants ou les supprime en les empoisonnant ; il ne croit pas que la souveraineté populaire soit le moteur de l’histoire, mais, en bon hégélo-marxiste, il pense que seule la violence obtient cela, et que la guerre est une hygiène civilisationnelle: la Géorgie avant-hier, la Crimée hier, l’Ukraine aujourd’hui; il crée un culte de lui-même sur le principe viriloïde, il est l’athlète, le héros, le soldat, le guerrier : qui ne l’a vu torse nu, à cheval, chassant à l’ours, à la pêche , en judoka, en pilote de bombardier, de moto, de camion? Il est sans femme et sans enfants, sans amis, sans vie privée, il a donné son corps et son existence à la patrie. Mais ce qui définit le plus le fasciste, au-delà du banal César, c’est la considération que la violence doit être mise au service non pas du nationalisme, mais d’un impérialisme qui exige l’extension du domaine vital d’un peuple. Avec l’Ukraine, Poutine franchit la barrière qui le fait entrer dans le mode fasciste. Et nous avec lui…
Car l’Europe maastrichtienne, entièrement préoccupée de fixer les prix du clou et du boulon, mais aussi et surtout de permettre aux petites filles de huit ans de changer de sexe, de financer les gayprides et de célébrer le port du voile, de vendre des enfants et de louer des utérus, d’imposer l’écriture inclusive et de relayer la folie wokiste de la cancel culture américaine, a proclamé pendant des années qu’elle était le seul modèle de civilisation possible et, dixit Fukuyama, qu’il fallait travailler à uniformiser la planète pour en faire un vaste supermarché destiné à célébrer ces valeurs nihilistes, si je puis dire, destinées à faire place nette un jour pour le transhumanisme. Pendant qu’elle jouissait de sa puissance factice, cette Europe nihiliste ne voyait rien venir…
Pour finir, je voudrais rappeler l’anecdote rapportée par Julien Freund après sa soutenance de sa thèse en 1965. Au philosophe Jean Hippolyte qui s’offusque que Freund pense que l’opposition ami/ennemi est une catégorie majeure de la philosophie politique parce qu’elle structure le champ politique, Freund répond: «Vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui nous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin.»
Poutine a choisi que nous soyons ses ennemis, et il est bien décidé à nous empêcher de cultiver notre jardin.
L’Europe maastrichtienne intervient sans intervenir tout en intervenant – c’est la fameuse théorie du «en même temps» macronien. Officiellement, nous ne sommes pas en guerre, mais nous fournissons des armes antichars aux Ukrainiens, ce qui veut dire que nous sommes en guerre et pas seulement économique – ce dont Poutine se moque éperdument: la guerre économique ne gêne que son peuple et il n’a aucun souci de son peuple. S’il se rebellait, il le materait par la troupe.
Poutine ne va pas laisser en paix ceux qui luttent contre son projet d’annexer l’Ukraine. La France en fait désormais partie et avec elle l’Europe sans qu’aucune consultation électorale n’ait légitimé ces choix bellicistes et belliqueux qui engagent des peuples. Emmanuel Macron, qui n’a plus que quelques jours de légitimité à son quinquennat remis en jeu lors des prochaines élections présidentielles, agit lui aussi en César. Il n’hésite pas à faire du risque d’une Troisième Guerre mondiale un argument de campagne.
S’il est réélu, ses engagements personnels bellicistes et belliqueux vont coûter cher aux Français : hausse des prix des biens de première nécessité (pain, pâtes, farine), raréfaction des matières premières de l’industrie, fermetures d’usines, ravage de la filière agricole, essence inabordable, paupérisation généralisée, sans compter sur la possibilité non pas que des chars russes arrivent à Paris, mais que des hackers russes mènent à la France une cyberguerre qui pourrait paralyser tout ce qui fonctionne à l’électricité et toute l’informatique – du téléphone ou de l’ordinateur portable au pilotage de nos centrales nucléaires en passant par nos tours de contrôle aéroportuaires ou portuaires, sans oublier les voitures dotées d’ordinateurs dont elles dépendent. Et ce sans parler des hôpitaux, des prisons [10]…
L’impéritie de tout ce personnel politique maastrichtien est donc visible dans les pleins phares braqués par Poutine sur l’Occident en général et sur l’Europe en particulier, donc, sur la France. Notre rogaton de force procède de l’impuissance de Poutine – une armée russe rebelle, sa population qui se soulève, un attentat qui ôte la vie du tyran, mais rien qui vienne de l’Europe décadente dont parlait Raymond Aron. Nous sommes donc à sa merci.
Il est bien évident que Poutine va nous empêcher de cultiver notre jardin. La question est: quand?
Quelles sont les différentes formes de l’amour selon les Grecs ?
L’amour est un sentiment abstrait et universel que tout le monde éprouve, mais de différentes manières. L’amour peut être interprété de différentes manières selon le contexte et la relation sentimentale auxquels il se réfère.
Dans les temps anciens, les Grecs cherchaient à trouver différentes manières de comprendre et d’expliquer ce que c’était l’amour et comment les humains le vivaient.
C’est la raison pour laquelle, un grand nombre d’histoires a émergé dans les différents genres littéraires notamment la comédie, la tragédie, la poésie épique et lyrique ; ayant pour thème l’amour dans ses différentes manifestations : la passion, l’attrait, l’obsession, la tendresse, la complicité, l’intérêt et la sensualité.
D’après les Grecs, l’amour est le sentiment responsable d’un grand nombre d’actions humaines, décisions et états d’esprit.
Par conséquent, ils ont proposé quatre types ou classifications d’amour pour expliquer ce sentiment très complexe que l’on éprouve lorsqu’on aime. Il s’agit de: Eros, Storgé, Philia et Ágapé.
Éros
Eros représente l’amour passionné et érotique. Dans la mythologie grecque, Eros est le dieu qui symbolise l’amour romantique, la passion et l’impulsivité. Cela peut être le premier pas vers un amour plus profond et plus durable, si on arrive à canaliser son intensité.
Ce type d’amour se caractérise par une attirance physique, sexuelle et instinctive. Il est lié à l’amour éphémère, qui est généré au début de la relation et idéalise le moment en mêlant désir et attirance sexuelle.
Pour les Grecs, l’amour Storgé est un amour fraternel, amical et engagé. C’est un amour qui grandit avec le temps et qui est lié aux relations familiales et amicales, c’est la raison pour laquelle il se caractérise par un amour loyal et même protecteur.
L’amour Philia est l’amour existant entre amis, l’amour du prochain qui recherche le bien commun et s’exprime à travers le respect, la solidarité, la coopération, la camaraderie. On dit que c’est l’une des plus belles amours qui existe.
L’amour Philia est un amour qui se caractérise par l’altruisme et se base sur l’amitié qui se réjouit lorsque l’autre est heureux et bien. Cela n’implique ni amour passionné ni attirance corporelle.
Les Grecs appelaient Agapé l’amour le plus pur et le plus inconditionnel qui existe. Il fait référence à un amour qui nourrit, généreux, conscient de ses devoirs ; un amour spirituel et profond dont la priorité est le bien-être de l’être cher.
L’amour Agapé se caractérise par le fait qu’il est universel, c’est-à-dire qu’il est l’amour que l’on a pour une personne, un animal, une nature, une divinité (dévotion religieuse) et est présent dans toute la société humaine. Il n’est pas passionné, même ceux qui aiment de cette manière sont prêts à se séparer de la relation pour le bien de l’être cher, ils abandonnent si nécessaire.
L’amour agape ne cherche pas son propre plaisir, au contraire, il trouve satisfaction à donner de l’amour. Par conséquent, il est considéré comme un amour sensible, tendre, attentionné et gentil.
Les États et les empires échouent lorsqu’ils ne sont plus la solution
Lorsque l’État/empire perd la capacité de reconnaître et de résoudre les problèmes fondamentaux de sécurité et d’équité, il sera remplacé par un autre dispositif plus adaptable et plus apte à résoudre les problèmes.
D’un point de vue systémique, les États-nations et les empires naissent lorsqu’ils constituent des solutions supérieures en matière de sécurité par rapport aux arrangements qu’ils remplacent : féodalisme, seigneurs de la guerre, confédérations tribales, etc.
Les États et les empires échouent lorsqu’ils ne sont plus la solution, ils sont le problème. Comme l’explique le livre The Upside of Down : Catastrophe, Creativity, and the Renewal of Civilization, lorsque la dissolution de l’État ou de l’empire devient la solution pour réduire la douleur, les habitants retirent leur soutien et l’empire perd son emprise et expire.
Comme je l’explique dans mon nouveau livre, Global Crisis, National Renewal, les États et les marchés sont des structures de résolution de problèmes. Ces structures résolvent les problèmes en optimisant l’adaptabilité et les synergies bénéfiques qui se renforcent mutuellement au fil de l’évolution.
L’essor de la classe moyenne est un exemple de synergies bénéfiques : à mesure que cette nouvelle classe accède au crédit, à l’expertise, au commerce, à l’entreprise et au pouvoir de fixation des prix pour son travail, elle a les moyens de transformer son travail en capital en épargnant les gains et en investissant le capital dans des actifs, de nouvelles entreprises, etc. qui génèrent ensuite des revenus du capital qui alimentent des augmentations synergiques du crédit, de l’expertise, des actifs et des revenus des investissements.
Les États / empires échouent et expirent lorsqu’ils élèvent les synergies fatales créées par des élites intéressées. Plutôt que d’encourager les dynamiques d’adaptation – concurrence, transparence, responsabilité, expérimentation et dissidence – les élites suppriment ces forces comme des menaces pour leurs monopoles, cartels et richesses.
L’État/empire n’est plus capable de résoudre les problèmes.
Dépourvu d’adaptabilité et de synergies bénéfiques, l’État/empire n’est plus capable de résoudre les problèmes. Il devient le problème qui ne peut être résolu.
L’une des principales dynamiques qui alimente les synergies fatales est la confiance démesurée dans le fait que l’abondance à bas prix est un droit de naissance conféré par l’État / l’empire, de sorte que les ressources peuvent être dilapidées sans fin dans l’excès et les extrêmes de consommation et de gaspillage. L’État/empire ne se concentre plus sur la sécurisation des sources matérielles de sécurité (nourriture, énergie, etc.) ou sur la responsabilité, la concurrence, la dissidence et la transparence nécessaires pour résoudre les problèmes systémiques.
Au lieu de cela, l’État / l’empire se dissout en camps divisés qui cherchent à protéger leurs petits fiefs et à accroître leur richesse aux dépens de la population. Les super-riches construisent des yachts et des palais à 500 millions de dollars, les politiciens profitent de leur position pour accumuler des fortunes et la corruption remplace la gouvernance.
Les marchés s’enlisent dans des synergies fatales : produits et services de mauvaise qualité, excès spéculatifs, consommation grotesque et divertissements sanglants deviennent des « industries de croissance », tandis que les pannes de courant assombrissent les réseaux électriques et que les rayons des magasins se vident des produits de première nécessité.
La solution du marché au fait que tout le monde possède déjà tout est d’incorporer l’obsolescence programmée dans chaque produit et de former des cartels du secteur des services qui dépouillent ensuite les services jusqu’à l’os pour augmenter les profits, ce qui revient à dire que tous les biens et services sont pourris.
L’État/empire ne parvient pas non plus à maintenir la sécurité
L’État/empire ne parvient pas non plus à maintenir la sécurité et les fonctions de base telles que la collecte des impôts et une application équitable. Les petits délits sont exploités par ceux qui sont au pouvoir (confiscation civile) tandis que la résistance à l’État est sévèrement punie. Il existe deux systèmes juridiques, un pour les roturiers et un autre pour l’élite.
L’État / l’empire protège ceux qui profitent du statu quo et appelle ensuite ce profit une « solution ». Mais ce profit ne résout aucun problème ; il est le problème, car le profit égoïste protège ses privilèges en corrompant l’État, la finance et l’économie.
De son côté, le marché cherche à maximiser les profits dans les excès de consommation, les prêts prédateurs (prêts étudiants), la destruction en bloc de la qualité par les monopoles et les cartels et les extrêmes de la spéculation. La maximisation des profits par tous les moyens disponibles n’a aucun fondement moral ; les prêts étudiants prédateurs sont rentables, la facturation médicale obscure est rentable, la vente de produits conçus pour échouer est rentable, déclarer un logiciel obsolète est rentable, tromper les consommateurs est rentable, et ainsi de suite, dans un éventail sans fin de produits de mauvaise qualité et malsains, de services rapaces, de surfacturations frauduleuses, etc.
Comme les problèmes ne sont pas résolus, les choses s’effondrent et les masses se tournent vers des extrêmes de dérangement et de pensée magique : le fanatisme se substitue à l’amitié, les cultes abondent, les terrains d’entente disparaissent et tous les échecs du système sont masqués par le pain et les jeux, l’argent gratuit, les divertissements criards et les étalages sans vie de consommation ostentatoire qui révèlent la décadence et la dégradation.
L’État/empire est le problème, pas la solution
Protéger les quelques personnes qui dépouillent le système aux dépens du plus grand nombre ne résout pas les problèmes. Cela ajoute une couche de problèmes que l’État/empire est incapable de résoudre. Ossifié, sclérosé, égoïste, corrompu, axé sur la vertu et l’apparence de s’attaquer aux problèmes plutôt que de les résoudre réellement parce qu’une vache sacrée perdrait ses privilèges et son flux de revenus, l’État/empire est le problème, pas la solution.
Lorsque l’État/empire perd la capacité de reconnaître et de résoudre les problèmes fondamentaux de sécurité et d’équité, il est remplacé par un autre dispositif plus adaptable et plus apte à résoudre les problèmes. Les artifices, la fantaisie, la pensée magique, les excuses et les histoires de couverture absurdes ne font pas partie de la résolution des problèmes. Les problèmes ne peuvent être résolus que si l’on affronte directement la réalité.
Lorsque la réalité est inacceptable parce qu’elle a un impact négatif sur ceux qui dépouillent le système pour des gains privés, l’État/empire est déjà engagé dans la spirale fatale de l’effondrement.
On dit souvent que l’alternance des siècles dans notre Histoire suit un certain rythme avec des récurrences assez régulière.
Il en est ainsi des siècles pairs (XVI et XVIII° par ex.) qui ont été généralement plus libertins et légers que les siècles impairs, le XIX° est un exemple assez particulier puisqu’il a vu l’émergence des écrivains « romantiques » illustrée par « Le Spleen et l’Idéal » colonne vertébrale du roman « Les fleurs du mal » de Charles Baudelaire, des réflexions fortement teintées d’un quasi désir de souffrance expiatoire influencée du dogme chrétien du Péché originel et de sa balance : une profonde aspiration de sens, d’ordre et de beauté vers où tend l’aspiration de l’auteur.
La mélancolie, une émanation caractéristiques du XIX°
La mélancolie est un affect qu’on définit généralement comme une absence du goût de vivre, un sentiment de tristesse mêlée à de la nostalgie. En littérature, et plus particulièrement en poésie, cet affect est souvent attribué aux Romantiques. C’est ce que Musset et Chateaubriand nommaient le Mal du Siècle et qui en s’intensifiant, est devenu chez Baudelaire, le Spleen.
Tentons de comprendre les mutations sociales profondes qui ont pu engendrer cet état d’âme caractéristique de la poésie du XIXe siècle…
Le XIXe, en gros, c’est la révolution industrielle. Les villes se transforment et le capitalisme inscrit peu à peu le soucis du quantitatif et de la richesse dans les mentalités, au détriment de l’individu. Du coup, l’espoir d’une vie meilleure et d’un travail poussent les populations rurales à aller s’entasser dans les villes. Les modes de vie vont commencer à s’uniformiser.
Dans le même temps, le rationalisme des Lumières et l’empire de la science ont désenchanté le monde, pour reprendre l’expression inventée par Max Weber.
Tout devient objectivité.
Les symboles disparaissent.
Le religieux recule et ne détermine plus les conduites ni la conception du monde.
Le rapport à Dieu, quand il ne disparaît tout simplement pas, se fait plus discret.
Bien souvent, ce sont finalement le sens de la vie et les valeurs anciennes qui se perdent.
Les poètes et artistes des exclus de la société du XIX° ?
Le poète romantique se place en désaccord fondamental avec la société moderne. Il devient un pariât, un maudit, cherchant dans l’art et la poésie un remède à ces désenchantements successifs. On voit éclore un culte de la subjectivité, du Moi profond qui se traduit par des vers marqués par un lyrisme exacerbé, qu’on considère aujourd’hui comme terriblement cliché, comme le célèbre:
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
de Lamartine
La Nature est également un motif récurent de la poésie romantique. Elle est considérée par ces derniers comme le sanctuaire du souffle divin que seul le poète peut encore sentir. Et Baudelaire de clamer dans le poème Correspondances:
La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles.
Elle protège aussi l’artiste de la mauvaise influence de la civilisation. Rousseau déjà au XVIIIe s’y était isolé et s’était en même temps couvert de ridicule…
La poésie romantique est donc l’expression d’une quête pour retrouver une spiritualité perdue. Elle se fait alors reliquat de croyances païennes ancestrales comme le pythagorisme, du « tout est sensible! » chez Nerval, pour réintroduire les idéaux passés dans le présent.
Et l’art, par le rêve, le mystère, le voyage, jusqu’à parfois la folie, franchira toutes les limites pour produire grâce à l’imagination une poésie sacrée et sensible, débarrassée des carcans où les contraires, loin de s’opposer, s’enrichissent en se réunissant.
Les Fleurs du Mal de Baudelaire reste un exemple éclatant qui résume assez bien les aspirations d’une génération de poètes plongés dans une période d’incertitude où l’art, par leur biais, se fait sacré à la place du sacré. D’où le nom de la première partie du recueil: Spleen et Idéal.
PAR L. · PUBLICATION 20 NOVEMBRE 2016 · MIS À JOUR 20 NOVEMBRE 2016
Le XIX° une répétition générale du XXI° qui se découvre ?
Or, je ne peux m’empêcher de constater une certaine similitude entre ce siècle qui a consacré l’ère industrielle avec toutes les promesses qui ont émergées de travail pour tous et de modernité triomphante, des balbutiements du capitalisme, des mouvements de masse des populations qui sont devenues à majorité citadines en deux ou trois générations.
Le XX° siècle a célébré ces lendemains qui chantent jusqu’à connaître les « trente glorieuses », je me rappelle que la jeunesse de cette époque était insouciante, heureuse et totalement confiante en son avenir radieux…
Ce vingt-et-unième siècle n’est entamé que de vingt ans mais les mentalité ont été bouleversées suite à des profondes modifications des valeurs, nous sommes devenus plus individualistes et la recherche de la sécurité et du bien collectif (paradoxalement) ont supplanté celui de vivre sans entraves et de favoriser la liberté avant tout.
Bien sûr, le covid est passé par là, beaucoup pensent également que le capitalisme naissant deux siècles auparavant a évolué et a dorénavant engendré une société rude, orientée sur la recherche de profits bien avant celle de la recherche du bonheur qui était chère à nos philosophes du XVIII°
Le consumérisme, l’ultra libéralisme sauvage, l’obsolescence programmée, toutes ces notions amènent à se poser la question : « Quelle sera la place de l’Homme dans la société de demain ?
Toutes les utopie post révolution industrielle sont tombées les unes après les autres, celles qui promettaient cet avenir radieux qui n’a jamais été au rendez-vous mais à qui s’est substitué une imposture néo-esclavagiste tant les individus sont littéralement pieds et poings liés par des obligations financières entre autres.
Que sont devenus les artistes et les rêveurs dans cette société laborieuse, qui produit des richesses comme jamais auparavant mais, sans doute à cause d’une redistribution déséquilibrée de ces richesses, il règne une misère sociale et une pauvreté culturelle qu’avaient anticipé des auteurs comme Orwell ou Huxley
Les enfants du XX°, devenus parents de ceux du XXI° ont-ils failli dans leur tâche d’éducation ? Avons-nous fauté en n’ayant pas soupçonné la société profondément liberticide qui est en train de se mettre en place ?
Où, tout simplement, l’évolution de notre société suit un schéma que nous ne comprenons pas mais que tous ces jeunes appellent de leurs vœux, ou du moins ne sont pas particulièrement opposés à cette vie qui se positionne.
Les paris sont ouverts et l’Histoire s’écrit perpétuellement…
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