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« C’est ce qui a attiré Robert Lepage dans ce projet, en plus de l’idée de pouvoir jouer le marquis de Sade au sein d’une troupe.
Quelle que soit la nature de la censure, c’est une privation de liberté |
Robert Lepage joue le marquis de Sade dans Quills, une Production Ex Machina, en coproduction avec le Trident, présentée à l’Usine C à compter du 16 mars. |
« La nature de la censure s’exerce d’abord et avant tout en défendant certains intérêts, croit-il. La morale n’a rien à voir avec ça. À l’époque du marquis de Sade, on voulait le faire taire. L’excuse était morale, mais la vraie raison était le discours du marquis sur la société française. Chez nous [ndlr : au Canada], la censure des conservateurs pour empêcher les scientifiques de publier leurs recherches, c’était clairement pour servir des intérêts économiques liés à l’effet de serre et au pétrole. »
DE SADE À « JE SUIS CHARLIE » La nature de la censure en question.
Vaste sujet, la censure. Celle qu’on s’impose soi-même, celle des autres. Pour les bonnes ou les mauvaises raisons…
« Ça sera toujours d’actualité. Il faut être à l’écoute. Dans le cas des attentats contre Charlie Hebdo, tout le monde était Charlie, mais sans connaître la publication. Après, c’est devenu Je suis Charlie oui, mais… »
« Le propos de la pièce est là. Quelles sont les conséquences et les limites de la liberté d’expression ? »
— Robert Lepage
La petite histoire démontre toutefois qu’à long terme, la nature de la censure dessert souvent les censeurs.
« L’auteur Doug Wright a écrit cette pièce en raison de la controverse, dans les années 90, au sujet des photos homo-érotiques de Robert Mapplethorpe. Malgré tout ça, l’œuvre de Mapplethorpe est devenue fort populaire par la suite. »
On ne peut pas dire que la mise à l’index des écrits de Sade aura nui à sa réputation non plus. Même si certains le voient comme un indécrottable bourgeois, plusieurs autres le considèrent comme un vrai révolutionnaire. Qu’on lit toujours !
Robert Lepage le qualifie davantage d’amoral que d’immoral.
« Le vrai marquis était au début un vrai macho. Ses dérives sexuelles l’ont amené à inclure d’autres pratiques, comme la sodomie. À la fin, il est devenu un symbole de libération sexuelle pour tous. On parle de sadisme pour le décrire, mais, dans la vie réelle, il était beaucoup plus soumis, plus masochiste que sadique. Il évoque tout notre côté noir, obscur, caché et cela se situe au-delà de la morale. »
DOUG WRIGHT
Racontant les dernières années de Sade, ses démêlées avec les autorités religieuses et politiques notamment, la pièce a été adaptée au cinéma par Philip Kaufman en 2000.
« La pièce est beaucoup plus intéressante, plus crue, plus virulente que le film. L’histoire a été édulcorée au cinéma. »
— Robert Lepage
« Je voulais jouer Sade, mais la chose intéressante dans Quills, c’est que l’artiste est un incontournable. Sade dit une chose : “C’est toujours dans l’adversité que s’épanouit l’artiste.” Le marquis a passé 30 ans de sa vie en asile ou en prison et cela a donné de grandes œuvres. »
Doug Wright n’est pas tout à fait une verte recrue non plus. Écrite en 2003, sa pièce I Am My Own Wife traite de transsexualité.
« Cet auteur s’intéresse aux changements de systèmes. L’histoire d’I Am My Own Wife est celle d’un transgenre qui survit aux régimes hitlérien et communiste allemand. Il incarne l’exception dans les valeurs morales. Wright sait comment mettre la chair et le sang sur ces thèmes-là. » »
« Sous les pavés, la plage »
Alors, oui, la censure, vaste sujet et encore plus nature de la censure !
Je fais partie de la génération qui a assisté à la vague de mai 68 en France, de ses revendications de liberté – libertarisme diront certains – dans une société traditionaliste gouvernée par le Général de Gaulle, le Ministre de la Culture de l’époque était André Malraux, excusez-moi du peu, la seule personne paraît-il qui impressionnait le Général, c’est tout dire !
C’était l’époque de l’ORTF et d’un Pouvoir fort, à cette époque la censure s’affichait et les films arborant le rectangles blanc me disqualifiaient automatiquement de visionnement. Il s’agissait là évidemment de la censure morale évoquée dans l’article ci-dessus de Mario Cloutier, les codes vestimentaires, les conduites et attitudes étaient passés au peigne fin par le bureau de la censure…
Les quinze années qui ont suivi les années 68 ont effectivement amené un vent nouveau de libéralisme, particulièrement révélateur à la télévision, je me rappelle avec nostalgie de l’équipe du « Petit Rapporteur », Des Coluche, Le Luron, desproges qui ont ouvert des avenues aux humoristes d’aujourd’hui, ils étaient des précurseurs. La presse, la littérature, le cinéma et le domaine de la chanson sont les principaux secteurs ou s’exercentl’examen et le contrôle des autorités de surveillance et si la censure morale est le type répressif qui était le plus courant dans les XIX° et XX° siècles, petit à petit la censure est de plus en plus concentrée sur les contenus institutionnels et sociaux, les concentrations des entreprises qui deviennent de plus en plus influentes et les regroupements tels qu’on peut le vérifier au niveau des médias par exemple, ont beaucoup modifié les rapports de force et le plus souvent, cela se fait au détriments des consommateurs et des citoyens. Pour l’anecdote, je voudrais mentionner qu’un des artistes français que je respecte le plus, a également été celui (à ma connaissance) qui a le plus été « recadré » par la censure, ce qui est somme toute assez logique quand on connaissais le bougre, anti clérical, anti flics, libertaire, mais qui pouvait s’émouvoir devant une jolie fleur même si elle était déguisée ou aller se retrancher dans un bon fauteuil en compagnie de ses chats, une bonne pipe et au lit !
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