Quand on est un couple libre ou qu’on décide de le devenir, ça ne veut pas dire qu’on abandonne des restrictions ou tout simplement des normes de vie en commun et de communication.
Je vais donc démarrer une nouvelle catégorie « couples, communications intimes », dans laquelle je publierai des essais sur la communication et également pour réfléchir aux questions pratiques (j’y mettrai aussi les anciens articles déjà rédigés qui rentrent dans ce cadre.
Don’t settle.
Wait for the man who loves you
for everything that felt like a burden to all the rest.
***
Sois patiente.
Attends l’homme qui aimera en toi
tout ce qui a été un fardeau pour tous les autres.
– Graham R. White
« Je fais peu d’articles purement pratiques. Pourtant, j’ai l’impression que c’est ce qui nous manque le plus. On est nombreux à être déjà convaincus que la non-exclusivité est non seulement défendable en théorie mais qu’elle correspond en profondeur à une grande partie de couples occidentaux. Malheureusement il y a loin entre la théorie et la pratique et quand il s’agit de mettre en œuvre les principes dans la vraie vie, on se retrouve un peu comme un faisan d’élevage devant le lien de téléchargement de la notice chinoise d’un nouveau spectromètre. »
Comment on fait, concrètement ?
Parmi les questions pratiques des relations non-exclusives, il y a un fort besoin de savoir reconstruire des codes de conduite, puisque l’on s’est débarrassés de ceux du couple exclusif. Je prends ici un exemple particulier, celui de trouver le juste milieu sur l’information qu’on est censé-e donner / fondé-e à demander quand l’un des deux sort et l’autre pas.
« Suis-je possessif si je demande à quelle heure elle rentre ? »
« Est-ce de la jalousie si je veux un SMS de bonne nuit ? »
« Dois-je répondre s’il me demande avec qui je serai ? »
« Est-ce que j’abuse si j’ai envie de lui raconter ma soirée ? »
« Devrais-je préciser qu’on n’a pas couché finalement ? »
Pour répondre à ces questions, il y a à mon avis au moins deux méthodes.
1 – Utilisez vos mots
La première, c’est d’en parler. Duh ? (Ndt : américanisme interjectif servant à souligner le caractère désespérément évident de ce qui précède et à légèrement rabaisser quiconque en douterait — se prononce « dah » en terminant sur une inflexion semi-interrogative).
En fait, c’est pas évident du tout parce que même avec les meilleures intentions du monde, la discussion est toujours un champ de mines. Mais quand chacun sait raisonnablement s’exprimer et écouter, il faut en profiter à fond parce que c’est probablement la meilleure méthode.
En effet, nul n’est censé deviner ce qui n’a pas été exprimé, et chacun-e a des sensibilités différentes. Ce qui t’angoisse ne me ferait ni chaud ni froid si j’étais à ta place. Ce truc qui me gênerait le plus, il ne te viendrait même pas à l’esprit. Donc le mieux c’est d’étaler nos cartes sur la table et de discuter chacune.
« Tu préfères savoir avec qui je serai ? OK, ça ne me gêne pas de te dire. »
« J’aimerais pouvoir couper mon téléphone jusqu’à demain. Est-ce que ça te va ? »
« Je ne sais pas si je rentre dormir ou non. Est-ce que tu préfères que j’aille dans la chambre d’amis si je rentre ? »
« Je ne veux surtout rien savoir. J’aimerais pouvoir faire comme si tu partais juste pour une intervention. »
« Tu veux que je t’appelle quand je m’apprêterai à coucher avec lui ? Je trouve ça un peu intrusif ; j’aimerais comprendre pourquoi tu me demandes ça. »
Évidemment, ce genre de dialogue ne protège jamais des tentatives (conscientes ou non) de manipulation ou de chantage affectif : ça ne marche pas sans la confiance et la bienveillance. Mais comme à mon sens aucune relation ne marche sans la confiance et la bienveillance, ça résout la question.
Mais la méthode a deux limites :
elle nécessite de discuter de tout à l’avance ; or il y aura mille situations où il faudra décider sur un truc qui n’aura pas été abordé ensemble.
nous ne sommes pas tous des professionnels de l’écoute bienveillante, de la communication non-violente, du dialogue ouvert et intelligent. Et même dans la plus parfaite des relations il restera des zones d’ombre, des tabous inconscients où l’on n’osera pas mettre les pieds.
2 – Retirez le sexe
La deuxième, qui marche en complément de la première et qui fonctionne même quand on n’a pas pu en discuter, c’est de se ramener aux codes de conduite qu’on a déjà pour les situations sans caractère sexuel ni romantique — en vertu du principe que le sexe n’est pas une raison suffisante pour oublier tout ce qu’on sait déjà. En pensée, on essaie de se demander ce qu’il serait normal de faire, de dire, de demander, dans les deux univers parallèles suivants :
si notre relation était simplement platonique, voire purement à caractère logistique (comme si on était frère/soeur ou colocataires)
si ta soirée n’avait peu ou pas de tonalité érotique ou émotionnelle (comme quand tu sors danser ou comme quand je reste bosser tard)
Et donc c’est pas parce qu’on est avec une amante qu’on n’est pas censé-e prévenir qu’il ne faut pas nous attendre pour dîner : si on était sorti-e avec un frère ou un très bon ami, on aurait prévenu. C’est pas parce que l’autre est en agréable compagnie qu’on doit se retenir de lui envoyer un sms de bonne nuit ou lui demander s’il-elle sera là demain matin pour accompagner les enfants à l’école : s’il-elle était de garde ou à une soirée de filles, on n’aurait pas eu d’hésitation à le faire. Et à l’inverse, ce n’est pas non plus parce qu’il s’agit de sexe qu’on est en droit d’exiger de savoir avec qui tu seras, d’appeler dix fois dans la soirée pour demander un point d’avancement détaillé, ou bien d’imposer que l’autre rentre obligatoirement avant minuit sous peine de citrouille ; ou tout autre comportement de contrôle, certes suscité par l’insécurité, mais qu’on trouverait naturellement abusif si on se comportait comme cela avec son frère ou sa coloc.
Et ainsi ma règle d’appréciation (pour les sorties comme pour tout le reste) : un comportement qui aurait eu l’air abusif dans un autre contexte est probablement abusif aussi dans le contexte de la non-exclusivité.
ET SURTOUT LE PLUS IMPORTANT, IL Y A 3 CHOSES PRIMORDIALES QU’IL NE FAUT JAMAIS ÉCARTER DANS UN COUPLE QUI VA BIEN OU DANS UN COUPLE QUI VA MAL, CAR DANS LES DEUX CAS ÇA DEVIENT UN COUPLE QUI VZ TRÈS MAL AU FUR ET À MESURE QUE LE TEMPS PASSE :
- 1 – COMMUNIQUER
- 2 – COMMUNIQUER
- 3 – COMMUNIQUER
Il est important de dire à l’autre notre ressenti, l’état dans lequel nous nous sentons, c’est une question de respect et d’amour et surtout ; ne pas croire que se taire c’est préserver l’autre, au contraire, ça devient une trahison quand on apprend que l’autre ne nous a pas tout dis, nous a caché la vérité…
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