Josef Schovanec est philosophe, autiste, écrivain et militant pour la dignité des personnes avec autisme. Il est né le 2 décembre 1981, de parents tchèques, à Charenton-le-Pont dans le Val-de-Marne, en France.
Il est souvent appelé pour témoigner sur l’autisme avec lequel il vit.
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Autre défaillance soulignée par le philosophe autiste, la scolarisation souvent chaotique des autistes. |
L’autisme est un état de normalité différent
Josef Schovanec assimile l’autisme à « une manière différente d’être », et non à « une pathologie qui se guérit avec des comprimés ». Partisan des bienfaits thérapeutiques du voyage, selon lui, les personnes autistes peuvent, ailleurs, se sentir enfin comme les autres : « Le voyage, mieux que nulle autre thérapie, rend obsolètes les traumatismes passés. Vous vous sentez moche ? Peut-être faites vous-même partie avec moi des gens peu favorisés par Dame Nature ? Peu importe. Ce qui passe ici pour un défaut pourra devenir une qualité ailleurs ».
En 2014, interrogé sur sa foi, il déclare au journal chrétien Ombres et lumière : « J’ai tendance à suivre les amis du moment, suivre au sens géographique ou physique : à la synagogue avec des amis juifs, à la mosquée avec des amis musulmans… J’ai un vrai intérêt pour les croyances des gens. Les croyances sont les idées les plus universelles qui voyagent de pays en pays, de culture en culture. Le phénomène religieux unit beaucoup plus qu’il ne sépare ». Dans une émission œcuménique en mai 2014, sur France 2, Kaïros, « Un autre regard sur le handicap », il dit, en commentant le verset de la 1re épître de Paul aux Corinthiens (1 Cor 1:27 : « Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ») : « Je pense qu’il est bien triste d’être normal ou d’être non-fou ».
Retard de langage, il a failli redoubler son CP
Après un retard de langage — il commence à parler à 6 ans —, son éducation est vécue difficilement. Il manque souvent les cours, apprend à lire et à écrire avant de savoir parler, et évite de justesse le redoublement du CP, faute d’avoir acquis suffisamment de compétences sociales. Il est souvent victime de violence physique par les élèves. Il se passionne pour l’Égypte ancienne, l’observation des moisissures et le processus de fossilisation. Il parle avec énormément de politesse à ses camarades, en leur disant par exemple « bonjour monsieur » à l’âge de 7 ans. Malgré ces difficultés, il réussit à obtenir son bac C (science) à 17 ans, avec une mention très bien. Il mesure 1,94 m.
À 19 ans, il est par erreur diagnostiqué schizophrène et placé sous chlorpromazine pendant trois ans. Le diagnostic Asperger est finalement posé lorsqu’il a 22 ans.
Docteur et chercheur en philosophie et sciences sociales
Docteur et chercheur en philosophie et sciences sociales (à l’EHESS et l’université de Bucarest notamment), il est ancien élève de Science Po Paris. Il est polyglotte (il parle plus de sept langues, dont le tchèque, l’hébreu, le sanskrit, le perse et l’éthiopien), et s’intéresse aux cultures et aux langues, notamment orientales. Malgré ce bagage, il rencontre « 100 % d’échecs à ses entretiens d’embauche ».
L’année 2012 étant l’année de l’autisme, il était le représentant français des autistes de haut niveau et a affiché son combat pour l’amélioration du système de soins français par rapport à l’autisme et pour la prise en compte de ce handicap. Il a notamment participé au documentaire-fiction « Le Cerveau d’Hugo » de Sophie Révil. Le quotidien Le Monde lui a consacré un article à cette occasion.
La même année, il publie son premier livre Je suis à l’Est !, témoignage de sa vie et de réflexions sur le cerveau neurotypique et celui d’un autiste Asperger ou « personne avec autisme » comme il le dit lui-même. L’ouvrage devient un best-seller.
Son deuxième livre Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez, sort en 2014. Il parle de ses nombreux séjours en terre inconnue (Éthiopie, Arménie, Iran, Ouzbékistan, Taiwan, etc), de ses découvertes mais aussi des bienfaits thérapeutiques du voyage.
En avril 2014, lors d’un entretien télévisé au Petit Journal de Yann Barthès pour la promotion de son livre, il invite Ségolène Neuville, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, à passer du temps avec des personnes autistes pour mieux se sensibiliser à leur cause. Depuis 2014, Schovanec est chroniqueur dans l’émission Carnets du monde de la radio Europe 1, tous les dimanches à partir de 11h. Il est régulièrement impliqué, bénévolement, dans des actions de sensibilisation.
« Anne Hidalgo, qui ne voulait pas de personne handicapée, m’a viré »
Avec le recul, il admet néanmoins « avoir eu la chance de pouvoir plus ou moins rester dans le système et de faire des études… » Mais il se considère comme un « anti-modèle de non-réussite ». « La plupart des parents espèrent que leurs enfants ne vivront plus chez eux, iront chez le coiffeur et sauront conduire une voiture. Malheureusement, je ne remplis aucun de ces critères ! »
Il a eu aussi la chance, dit-il, de rencontrer plusieurs personnes qui ont cru en lui et l’ont aidé à s’en sortir. Sans elles, il serait resté « dans la poubelle de la société ». Il pense particulièrement à Hammou Boukkaz, un aveugle de naissance, adjoint au maire de Paris Bertrand Delanoë, qui lui a « offert » son premier emploi, en 2010, sans le « prendre en pitié ». Il écrira même des discours pour des hommes politiques…
« Mais Anne Hidalgo, qui ne voulait pas de personne handicapée, m’a viré. » Il a aussi, depuis un an et demi, un « petit boulot » sur Europe 1, où il tient une chronique hebdomadaire dans l’émission « Carnets de voyage ».
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