
Chronocide : Comment la technocratie efface le passé, le présent et l’avenir
« Résister, c’est se souvenir.
Résister, c’est transmettre.
Résister, c’est refuser d’être effacé. »
« Le passé est un autre pays », écrivait L.P. Hartley en ouverture de The Go-Between. Aujourd’hui, on pourrait en dire autant du présent, tant le rythme des bouleversements technologiques et démographiques s’accélère.
Quant à l’avenir, quelles certitudes offrir à nos enfants et petits-enfants ?
Chronicide : un effacement du temps de notre mémoire collective.
Ce qu’ils visent, c’est pas seulement nos frontières, nos coutumes ou nos traditions. Leur vrai plan, c’est tuer le temps lui-même.
Bienvenue dans l’ère du Chronocide : une stratégie de guerre totale contre nos racines, nos repères, notre histoire.
Les nations pourraient ne plus exister sous une forme reconnaissable à mesure qu’un nouvel ordre mondial se consolide. Mais ce ne sont pas seulement les frontières qui sont redessinées. Lorsque Francis Fukuyama proclamait la « fin de l’histoire » après la chute du communisme, il préparait peut-être, sans le savoir, le terrain pour l’impact le plus radical des globalistes sur l’humanité : l’effacement du temps. Comme l’a averti David Fleming, dont la philosophie du continuisme offre un cadre unificateur pour préserver l’humanité face à l’assaut technocratique, le « chronocide » est une stratégie délibérée.
Chronocide, une négation du fondement social et sociétal ?
En tant qu’êtres sociaux, les humains créent la société. Au fil des générations, chaque communauté établit et perpétue ses coutumes, croyances, rôles et liens. Bien que les humanistes progressistes insistent sur ce qui nous unit au-delà des différences de race, de religion ou de région, une personne issue d’une culture ne peut s’installer dans un contexte culturel différent et s’attendre à ce que la vie suive son cours habituel.
Le temps, mesuré en vies d’immersion, est l’élément fondamental de la société. En effet, êtres humains + temps = culture. Dans cette équation, des facteurs clés, qu’ils relèvent de la nature ou de l’éducation, façonnent le complexe humano-temporel : le territoire, les ressources, le climat, le commerce, les conflits et la technologie. Chaque société écrit et conserve son histoire.

Chronocide : Orwell et Huxley -encore eux – l’avaient prévu
Chronocide, un incontournable pour une refonte des valeurs
Comme l’avaient compris les marxistes de l’École de Francfort dès les années 1920, et comme tout consultant en gestion le sait, aucun changement profond ne s’opère sans transformation culturelle. Les liens sociaux et les traditions constituent des remparts contre les projets radicaux imposés d’en haut. Les réformes graduelles risquent de se heurter à un retour aux normes, mais des bouleversements majeurs ou des chocs systémiques brisent les connexions sociales et ébranlent la stabilité. Plus le changement est brutal et soudain, plus la résistance s’effrite.
Chronocide, l’outil suprême d’un pouvoir à vocation totalitaire
L’An Zéro efface l’histoire humaine de fond en comble. Pour des totalitaires intransigeants comme Pol Pot au Cambodge, c’était un moyen indispensable pour faire basculer le peuple d’une existence agraire traditionnelle vers un ordre communiste. Toute personne conservant des vestiges ou des idées du passé était éliminée. Si les écoliers étudient (souvent sans esprit critique) l’Holocauste, ils restent généralement ignorants des traumatismes causés par la collectivisation extrême.

Le chronocide, un plan de destructuration systématique
Le chronocide est la destruction intentionnelle et systématique de notre culture – tant ses manifestations visibles que ses racines profondes. Nous sommes privés de notre continuité en tant que familles et communautés, car ces liens humains entravent la mission technocratique. Une société atomisée supprime littéralement le temps, de plusieurs manières :
1. Une guerre de l’information orwellienne est livrée contre les citoyens ordinaires. Les faits issus de l’expérience, du bon sens ou de la réflexion critique sont qualifiés de « désinformation » ou de « discours de haine ». Les savoirs transmis de génération en génération sont rabaissés au rang de superstitions non scientifiques ou de préjugés d’un passé intolérant. Les jeunes, principales cibles de la propagande, sont incités à rejeter les vérités éprouvées par le temps.
3. Le sécuritisme étouffe la culture en remplaçant les festivités héritées du passé par des événements aseptisés. Les feux de joie sont annulés au moindre vent, les fêtes de village stoppées par crainte d’une allergie à une confiture artisanale, et les jeux dynamiques comme le « British Bulldog » [un équivalent de notre balle au prisonnier – voir vidéo de fin d’article] sont interdits dans les cours d’école. L’industrie de l’assurance, par des primes prohibitifs, contribue à restreindre les activités jugées indésirables par les autorités.
4. Une architecture déshumanisante envahit les horizons. À une échelle bien plus vaste que l’ingénierie sociale des années 1960, où des quartiers de maisons mitoyennes furent rasés au profit de blocs de béton et des communautés déplacées vers des villes nouvelles, la construction s’élève sans cesse. Le paysage conserve des traces du passé, mais églises, banques et pubs ferment, et les rues commerçantes sombrent dans une lente désolation. Les leçons tirées des problèmes des immeubles de grande hauteur ont été ignorées. Les « villes intelligentes » émergent, avec leurs forêts de tours en acier et verre.
5. L’expropriation des biens et des richesses transfère toute la fortune aux élites. Le Forum économique mondial proclame que « vous ne posséderez rien et serez heureux », mais quelqu’un doit détenir le capital. L’héritage intergénérationnel disparaît, comme en témoigne la taxe exorbitante imposée aux fermes familiales transmises depuis des siècles, contraignant les propriétaires à vendre.
6. La migration massive marginalise et aliène nombre d’habitants des pays d’accueil. Malgré les discours sur le multiculturalisme, la cohésion sociale s’effrite, l’identité et la loyauté des nouveaux arrivants restant attachées à leurs origines, avec peu de sentiment d’appartenance commune. C’est l’objectif des dirigeants. Les cosmopolites déracinés (les « Anywheres » de David Goodhart) privilégient l’exotique et l’étranger au familier, mais les gens des campagnes et la classe ouvrière autochtone (les « Somewheres ») se retrouvent dans un « Nowhere » hors du temps.
7. Le développement technologique fulgurant déplace les individus du réel vers le virtuel. Si le présent se transforme visiblement par les bouleversements démographiques, l’avenir proche menace l’existence même de l’humanité, reléguant les tensions interculturelles à des préoccupations secondaires. Si les technocrates imposent leur vision, l’avenir sera celui du transhumanisme.

Le chronocide est un génocide culturel généralisé, un crime contre l’Humanité.
La Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de génocide (1948) définit le génocide comme l’extermination d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Mais il existe aussi le concept de génocide culturel, formulé par Raphael Lemkin, qui désigne la « destruction systématique et organisée du patrimoine culturel ».
Une culture peut être annihilée sans qu’un seul coup de feu soit tiré. Les technocrates mènent un jeu à long terme, préparant un avenir post-culturel et post-temporel. Le chronocide est un crime contre l’humanité.
Dr Niall McCrae
Senior Lecturer in Mental Health, King’s College London
Dr Niall McCrae is a researcher and educator in mental health nursing at King’s College London.
His research interests include depression, dementia and the influence of social media on mental health.
Author of three books: ‘The Moon and Madness’ (Imprint Academic, 2011), ‘Echoes from the Corridors: the Story of Nursing in British Mental Hospitals’ (Routledge, 2016) and ‘Moralitis: a Cultural Virus’ (Bruges Group, 2018).
RIP Éric Denécé !
https://www.youtube.com/shorts/zzB-CDB2Zus