Un exemple de grandes femmes ayant contribué à la célébrité d’un homme :
ANNA GRIGORIEVNA SNITKINA ET
FYODOR DOSTOÏEVSKI
4 mois après avoir fait sa connaissance, une de ces grandes femmes épouse Dostoïevski : elle a 21 ans et l’écrivain 45.
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Anna Dostoïevskya, une des plus grandes femmes, sur le secret d’un mariage heureux : Sagesse d’un des Amours le plus véritable et le plus beau de l’Histoire !
La biographie de Dostoïevsky Par son épouse Anna, une des plus grandes femmes |
La descente aux enfers contient souvent le ferment du renouveau !
Nous sommes à l’été de l’année 1865, juste après qu’il aitcommencé à écrire « Crime et châtiment », le plus grand romancier de tous les temps, Fédor Dostoïevsky, a touché le fond.
S’il n’a pas réussi à respecter le délai, il perdra alors tous ses droits à son travail, qui seraient transféré à l’éditeur Stellowsky à perpétuité…
Après la signature du contrat, mais trop tard, Dostoïevsky apprend que son éditeur est un exploiteur rusés qui a déjà souvent profité des artistes et qui a négocié la reprise de dette du frère de Dostoïevsky pour une somme dérisoire, réalisant ainsi une excellente affaire sur le dos de son écrivain !
Le temps passe et le mois d’octobre arrive, Dostoïevsky qui n’a pas encore débuté son manuscrit est contraint d’écrire un roman entier en quatre semaines.
Ses amis, soucieux lui proposent une idée, une sorte d’écriture collégiale auquel il n’aurait qu’à finaliser le produit final. Mais, Dostoïevsky profondément idéaliste même jusqu’au fond du puits, a refusé tout net cette option, trouvant déshonorant pour lui d’avoir recours à cette supercherie.
Il n’avait qu’une chose à faire – écrire le roman, et l‘écrire vite !
Le 15 Octobre, il appelleun ami qui enseigne la sténographie, en ayant le dessein d’embaucher sa meilleure élève. Sans hésitation, le professeur lui recommande une jeune femme nommée Anna Grigorievna Snitkina. (la sténographie, à cette époque, était une innovation radicale et sa maîtrise était si techniquement exigeante que sur les 150 étudiants qui étaient inscrits dans le programme d’Anna, 125 avaient abandonné en un mois.)
Anna est une jeune femme de vingt ans qui avait pris la sténographie peu après ses études secondaires dans l’espoir de devenir financièrement indépendante par son propre travail, accepte ravie, l’offre de Dostoïevsky qui était l’auteur favori de son père tout récemment décédé. Elle avait grandi en lisant ses œuvres !La pensée de non seulement le rencontrer, mais aussi de l’aider dans son travail la remplit de joie.
La première rencontre de Fedor et de sa grande femme, Anna
Le lendemain, elle se présenta à la maison de Dostoïevsky à 11H30 précises, comme Dostoïevski l’avait demandé.
Anna et Fédor, un amour fou, intenses et respectueux pendant 14 années |
Les vingt-cinq jours qui ont suivis, Anna est venue à la maison de Dostoïevsky à midi et est resté jusqu’à seize heures. Leurs sessions de travail ont été ponctuées par de courtes pauses pour le thé et la conversation.
GOLUBCHIK
Dans son livre, Anna raconte un échange prémonitoire qui a eu lieu au cours de l’une de leurs pauses thé:
« Chaque jour, il bavardait avec moi comme un ami, il tentait de mettre à nu une scène malheureuse de son passé et me confiait ses peines et ses démons. Fiodor Mikhaïlovitch m’a souvent parlé de ses difficultés financières avec une grande sincérité. Ses histoires, cependant, étaient si douloureuses qu’en une occasion, je ne pus pas me retenir de demander:
— Heureux ? Mais je n‘ai jamais encore eu de bonheur. Du moins, pas le genre de bonheur auquel j‘ai toujours rêvé… Je suis toujours à sa recherche !« .
Ni l’un ni l’autre ne savaient qu’ils étaient en présence de ce bonheur à ce moment-là justement. En fait, Anna, dans son impulsion caractéristique pour dissiper les ténèbres en les baignant de sa lumière, lui a conseillé de se remarier et de chercher le bonheur dans la famille. Elle poursuit ainsi le récit de leur conversation :
— Donc, vous pensez que je devrais me marier à nouveau? » A-t-il demandé.
— Une femme intelligente, bien sûr. »
— Eh bien, non … si je dois avoir le choix, je dois choisir une gentille, de sorte qu’elle va prendre pitié de moi et m’aimer sincèrement. »
Pour l’amour intense car le respect seul ne suffit pas pour faire un mariage heureux! » »
Leur dernière dictée a eu lieu le 10 Novembre, soit deux jours avant la date butoir. Avec l’aide inestimable d’Anna, Dostoïevsky avait accompli le miracle – il avait terminé un roman entier en vingt-six jours. Il lui serra la main, lui a payé les 50 roubles qu’ils avaient convenus – environ 1200 € en argent d’aujourd’hui – et la remercia chaleureusement.
Le lendemain, c‘était le quarante-cinquième anniversaire de Dostoïevsky, il a décidé de marquer la double occasion en invitant Anna au restaurant. Elle n‘avait jamais dîné dans un restaurant et était si nerveuse qu’elle a failli ne pas y aller – mais s’est raisonnée et y est allée quand même, leur collaboration aurait dû s’arrêter là.
« Je m’étais tellement habituée à cette joyeuse course au travail, aux réunions heureuses et aux conversations animées avec Dostoïevsky, qu’elles étaient devenues une nécessité pour moi, un manque terrible s’est alors emparé de moi, créant un désespoir encore plus violent du fait qu’il était totalement inattendu, il est tombé sur moi, sur mon esprit et dans mon âme…
Toutes mes anciennes activités avaient perdu leur intérêt et semblaient vides et futiles. »
Du côté de Dostoïevsky, il lui fut rapidement impossible d’imaginer sa vie sans elle, alors, ne pouvant plus tenir, dans un sursaut désespéré, il demanda à Anna si elle voulait bien l’aider à terminer Crime et châtiment ! Je relève ici cette nostalgie tellement typique de la culture slave qui pousse le drame à un point tel qu’il en devient pathétique et magnifique, j’avoue avoir beaucoup d’admiration pour cette capacité à descendre dans les tréfonds du désespoir pour en ressortir tel un phœnix, purifié, glorieux et magnifique !
Il marchait dans son cabinet, où il s’est mis en devoir de parler de mariage de la manière la plus merveilleuse et la plus touchante qui soit.
Dostoïevski a dit à Anna qu’il aimerait avoir son opinion sur un nouveau roman qu’il écrivait. Mais, dès qu’il a commencé à lui dire l’intrigue, il est apparu que son personnage principal était une version à peine voilée de lui-même, ou plutôt de lui comme il se voit lui-même :« un artiste troublé, du même âge que lui, qui a survécu à une enfance dure avec beaucoup de pertes et de frustrations, en proie à une maladie incurable, un homme sombre, soupçonneux ; doué d’un cœur tendre … mais incapable d’exprimer ses sentiments ! Un artiste bourré de talents divers, sans aucun doute, mais qui dissimule en lui un immense regret qui le tourmente sans cesse : pas une seule fois dans sa vie il n’a réussi à incarner ses idées dans les formes qu’il rêvait. Mais, le plus grand tourment de tous ceux qui étreignent mon personnage principal est qu’il est tombé éperdument amoureux d’une jeune femme – un personnage nommé Anya, (éloigné de la réalité par une seule lettre!)- dont il se sentait indigne; une jeune fille douce, gracieuse, sage, et vivace qu’il craignait qu’il n’ait rien de suffisant à lui offrir. »
Alors seulement, il apparu à Anna que Dostoïevsky était tombé amoureux d’elle et qu’il était si terrifié par un rejet de sa part, qu’il avait choisi de présenter sa réalité derrière le couvert de la fiction de son récit romanesque…
— Est-il plausible, lui a demandé Dostoïevski, que l’héroïne du roman présumé puisse tomber en amour avec son héros imparfait? Elle raconte les mots qu’a utilisé le plus grand écrivain psychologique de la littérature :
— Quel attrait pourrait avoir un homme malade, endetté et âgé pour une jeune femme vivante et exubérante ? Cet amour ne serait-il pas un terrible sacrifice pour elle que lui infligerait le personnage principal ?
Et après, ne risquerait-elle pas de regretter amèrement d’avoir choisi d’unir sa vie à lui ?
Et en général, serait-il possible pour une jeune femme avec une telle différence d’âge et de personnalité, de tomber en amour avec mon artiste ?
Ne serait-ce pas une intrigue psychologiquement fausse ?
Voilà les points sur lesquels je voulais vous demander votre opinion, Anna Grigorievna « .
— Mais pourquoi serait-ce impossible? Car si, comme vous le dites, votre Anya n’est pas seulement un flirt vide et que son cœur n’est pas insensible, pourquoi ne pourrait-elle pas tomber en amour avec votre artiste? Qu‘importes’il est pauvre et malade. Où est le sacrifice de sa part, de toute façon?
J’ai parlé avec un peu de chaleur. Fiodor Mikhaïlovitch m’a regardé dans l’excitation. « Et vous croyez sérieusement qu’elle pourrait l’aimer véritablement, et pour le reste de sa vie? »
Il se tut alors, comme hésitant…
Son visage a révélé un tel embarras profond, un tel tourment intérieur, que je comprenais enfin que ce ne fut pas une conversation sur la littérature; que si je lui avais donné une réponse évasive je porterais un coup fatal à son estime de soi et à sa fierté. Je regardais alors son visage troublé, qui était devenue si cher à mon âme, et lui dit, « je répondrais que je vous aime aussi et que je vous aimerai toute ma vie. »
Je ne vais pas transcrire les paroles pleines de tendresse et d’amour qu‘il me dit alors qui sont sacrées pour moi. J’ai été stupéfaite, presque écrasée par l’immensité de mon bonheur et pendant longtemps je ne pouvais pas le croire.
Fédor et Anna se sont mariés le 15 Février, 1867, et sont restés unis jusqu’à la mort de Dostoïevsky quatorze ans plus tard. Bien qu’ils aient rencontrés des difficultés financières et d’énorme tragédies, y compris la mort de deux de leurs enfants, ils se sont soutenus obstinément l’un et l’autre avec amour et détermination. Anna a pris sur elle pour soutenir la famille et même éviter les dettes en faisant de son mari le premier auteur auto-édité en Russie.
Dans la postface de son autobiographie,Anna réfléchit sur le secret de leur mariage profond et vrai – un des plus grands amours dans l’histoire de la culture créative.Tout au long de ma vie, j’ai toujours ressenti cette sorte de mystère pour moi que mon bon mari, non seulement m’a aimée et respectée comme beaucoup de maris aiment et respectent leurs femmes, mais, lui en plus, il m’a presque adorée comme si j’étais un être spécial créé juste pour lui.Et cela est vrai non seulement au début de notre mariage, mais à travers toutes les années de vie qui lui sont restées après notre rencontre, jusqu’à sa mort. Considérant qu’en réalité, je n’étais pas identifiée pour mes bons regards, ne possède un talent spécial, ni aucune culture intellectuelle particulière, je n’avais rien de plus q’un enseignement secondaire, et pourtant, malgré tout cela je gagnais le profond respect et presque l’adoration d’un homme si créatif et si brillant.
Fiodor Mikhaïlovitch, qui reflète tant la solitude et les problèmes les plus profonds du cœur humain, a sans doute énormément apprécié ma non-ingérence dans sa vie spirituelle et intellectuelle.
C’est, je crois, ce qui explique la confiance étonnante que mon mari avait en moi. Ce sont ces attitudes mutuelles qui nous ont permis de vivre les quatorze années de notre vie conjugale dans le plus grand bonheur possible pour des êtres humains sur la terre.
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est mort à Saint-Pétersbourg le 28 janvier 1881. Considéré comme l’un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains et philosophes. Anna Dostoïevskaïa est décédée le 9 juin 1918.
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