LA PHOTO qui affole l’Etat islamique – Michel Mougenot
Faudra t-il que cette flamme qui brille dans ses yeux et qui nous brûle la conscience s’éteigne et que son regard devienne vitreux comme l’est le regard fixe des cadavres pour que notre réflexe de solidarité se réveille ???
Je crois qu’au contraire ces yeux qui nous scrutent nous font nous questionner sur nous même, sur notre immobilisme, notre absence d’empathie, notre léthargie…
Le corps inanimé du petit Aylan Kurdi (Alan) nous a fait réagir, nous a fait nous révolter dans nos salons et puis, nous sommes revenus avec « Danse avec les stars » ou avec l’OM et ou le PSG…
Aylan est mort, cette petite aussi sans doute, ce serait même presque un bonne chose à lui souhaiter quand on sait ce qui attend lesYézidis !
Ce regard plein de vie devrait nous provoquer un électrochoc et nous faire lever pour dire haut et fort que ce qui se passe sous nos yeux nous concerne maintenant en tant qu’Être humain : et que tout ça est inacceptable !!!
Levons-nous et clamons notre indignation comme nous l’a recommandé StéphaneHessel alors qu’il avait quatre-vingt-dix ans !
Il n’y a pas d’âge pour s’indigner, pour se révolter pour une cause juste, quand il s’agit non seulement de la dignité de l’un des notre, d’une société humaine menacée dans ses droits fondamentaux ou dans sa survivance, nous avons le devoir de nous lever et de nous battre !!!
Refuser de le faire sous prétexte que les politiques sont là, ou la justice, ou les militaires, ou les organismes communautaires, ou l’Autre ; revient à démissionner de son devoir, à renoncer à son honneur et pour les plus « mystiques » à endosser une responsabilité personnelle effroyable…
Je ne veux pas faire un lien religieux en évoquant « l’œil de Caïn » mais c’est un symbole fort, pour qui est sensible aux symboles évidemment…
L’argument principal en faveur de l’action, c’est que nous n’avons plus le temps d’attendre après les résultats hypothétiques des tractations, des négociations car, pendant ce temps-là des milliers dAylan et de petits Yézidis meurent dans l’ignorance des masses et l’indifférence des objectifs photographiques, les zooms des caméras sont sélectifs et font en sorte de nous montrer les spectacles qui permettent à nos dirigeants élus par nous de vivre en toute quiétude dans l’abondance indécente que leur procure leur position, véritable privilégiature, telle que l’a nommée François de Closet…
Ci-dessous, l’article d’ou j’ai puisé mon billet d’humeur de ce jour :
« N.B. : Cette photo remporte le prix de la meilleure photographie pour l’année 2014 attribué par l’agence Reuters à New York. Bravo Youssef Boudlal!«
Moyennement médiatisée, cette image passée inaperçue dans la presse marocaine ne quitte plus jamais l’esprit une fois regardée. Avec sa tignasse blonde et ses yeux bleus pénétrants, le regard de cette jeune filleyézidie de 6 ans en dit long sur l’exode de ce peuple las, victimed’un affreux génocide. La photographie publiée en novembre 2014 par le photojournaliste marocain de l’agence Reuters YoussefBoudlal fait partie d’une série de clichés pris en août dans le village de Fishkabur à la frontière irako-syrienne alors que la minorité irakienne fuit l’Etat Islamique. Attendant l’aide des kurdes peshmargas, la fillette assise auprès de sa mère sous le soleil brûlant éblouit le photographe qui se dit « fasciné par sa beauté sauvage dans cette situation dramatique ».
Quand une œuvre d’art devient une arme politique
Lesyézidis sont un peuple séculaire dont la croyance s’inspire desanciennes divinités persanes, de Zoroastre ou d’Ahura Mazda, ils sont ainsi considérés par les fanatiques de l’EI comme des « adorateurs du diable ». Pour les décimer, l’EI s’attaque à tout individu ayant des yeux bleus ou des cheveux blonds, leurs partisans violent les femmes yézidies afin d’éradiquer ces gènes « qui les effraient » et éradiquer par la même occasion toute cette minorité qui a jusque là vécu en paix. Des exactions et des atrocités dénoncées par Amnesty International à l’heure où la coalition se caractérise par un mutisme et tente de faire oublier l’échec de ses tentatives visant à arrêter la progression de ce virus ou comme l’aime à l’appeler Dominique de Villepin « l’enfant monstrueux de la politique occidentale » au Moyen Orient.
La question que je me pose c’est qu’adviendra-t-il de cette petite fille au regard innocent et plein de rage?
C’est l’histoire d’une photographie, une photographie qui raconte une longue histoire. Ne restons pas de marbre!
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